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l’Humanité
Soumission, collusion, militarisation : les trois signes de la régression européenne
#UE
Article mis en ligne le 12 juillet 2025
dernière modification le 7 juillet 2025

L’Union européenne (UE) n’a jamais brillé par son indépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis, ni par son courage politique à l’égard des proches alliés de l’Occident, fussent-ils éminemment blâmables, ni par sa résistance aux injonctions de l’Otan. Depuis plusieurs années – l’élargissement à l’Est aidant –, la tendance à l’alignement systématique sur Washington, à l’impunité absolue garantie à Israël, à la militarisation accélérée de l’Europe n’a fait que s’accentuer. La riposte à l’agression russe contre l’Ukraine, devenue l’axe stratégique quasi unique de l’UE, a servi de justification et d’amplificateur à ces dérives.

Aujourd’hui, un cap sans précédent vient d’être franchi dans cette régression, l’Europe renonçant ouvertement à sa raison d’être d’actrice autonome dans les relations internationales. Trois repères d’une gravité inédite viennent d’illustrer quasi simultanément ce point de bascule.

Le premier est le stupéfiant « accueil » réservé le 25 juin dernier par le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, au président américain. Avec le consentement des 32 États membres de l’alliance militaire transatlantique – dont 23 des 27 pays de l’Union européenne – l’ex-premier ministre des Pays-Bas a usé à l’égard de Trump d’une flagornerie d’une indécence jamais vue en Europe, jusqu’à l’appeler « Daddy », tel un enfant s’adressant à son papa. (...)

Le deuxième moment charnière qui vient de confirmer cette descente aux enfers de l’action extérieure de l’UE est le blocage, officiellement constaté le 27 juin dernier, du projet de suspension de l’accord d’association qui lie l’Union européenne à Israël. (...)

Cela s’appelle de la collusion avec des criminels.

Enfin, il y a la folle décision collective prise sans barguigner par les États membres de l’Otan (à la notable exception du chef du gouvernement espagnol), le 25 juin, de rehausser de 150 %, en l’espace d’une décennie, la part des richesses créées consacrée aux dépenses d’armement, comme prix de l’allégeance à Trump (et à ses marchands d’armes). Les congratulations adressées à ce propos par le secrétaire général de l’Otan à Trump laissent pantois : « L’Europe va payer un prix ÉNORME pour sa défense. Et ce sera votre victoire. » Soumission, collusion, militarisation : l’Europe s’enfonce.