
Un nouveau rapport de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) dénonce l’usage de la torture à l’encontre des migrants sur la route migratoire de la Méditerranée, notamment en Libye. Des faits "systématiques" documentés depuis plusieurs années.
Dans "Inhumain : la torture le long de la route migratoire méditerranéenne et le soutien aux survivants dans un système fragile", Médecins sans frontières (MSF) documente, à travers des données et des témoignages, l’ampleur et la récurrence des cas de torture sur cette route, notamment en Libye, empruntée par des milliers de migrants désirant rejoindre l’Europe.
"L’incidence croissante et alarmante des pratiques brutales et oppressives"
De janvier 2023 à février 2025, le projet MSF à Palerme (Sicile) a aidé 160 survivants de torture ayant traversé la Méditerranée. Originaires de 20 pays - principalement du Bangladesh, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria -, ce sont en majorité des hommes (75 %) d’une moyenne d’âge de 25 ans. Et dans 82 % des cas, la torture a eu lieu dans un pays de transit. La Libye affichant la plus forte incidence (108 cas).
Et les formes de sévices y sont multiples et systématiques. Sur un total de 181 incidents de torture signalés, "17 types de violences infligées ont été identifiés, notamment des coups, des coups de fouet, des brûlures, l’ablation des ongles, des décharges électriques et la suffocation, entre autres", note MSF. (...)
L’ONG alerte aussi sur un constat : l’augmentation, entre 2023 et 2024, des cas de torture et de violences graves survenus en Algérie et en Tunisie. (...)
Depuis plusieurs années, InfoMigrants documente ces exactions. La rédaction a déjà recueilli les témoignages de nombreux migrants ayant subi des violences ou des abus sexuels en Libye. En décembre 2021, Sarah*, jeune Ivoirienne de 19 ans, racontait comment elle avait été violée tous les soirs par les gardiens de sa prison en Libye, avant de finir par tomber enceinte. Aminata*, une autre Ivoirienne, qui a fait plusieurs séjours en prison dans le pays, a connu les mêmes abus. "Tous les jours, les gardiens viennent chercher des femmes dans les cellules et les emmènent à l’extérieur. Ils nous violent devant les autres hommes. On les entend rire et se moquer en arabe, car ils savent qu’après ce sera leur tour de nous passer dessus", témoignait-elle à InfoMigrants en novembre 2021.
"Le corps se souvient de la douleur. L’esprit s’y enferme" (...)