Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Off Investigation
Surveillance sur internet : le gouvernement va-t-il tous nous ficher ?
#surveillance #technopolice
Article mis en ligne le 17 novembre 2024
dernière modification le 13 novembre 2024

A l’heure où le monde politico-médiatique fait l’objet d’une défiance grandissante, l’exécutif s’apprête à scruter davantage l’opinion publique en renforçant sa surveillance des activités en ligne des Français. Guillaume Champeau, fondateur de Numerama, pointe « un risque fort de surveillance massive et de fichage de données sensibles ».

Comme l’a révélé L’Informé le 30 octobre, le Service d’information du gouvernement (SIG) a lancé un appel d’offre pour renouveler un contrat lui permettant d’observer les activités numériques des Français. L’exécutif entend en effet élargir son contrat d’écoute des réseaux sociaux (social listening) à la navigation des internautes sur les moteurs de recherche (search listening) ainsi qu’aux signaux faibles (ensemble d’indicateurs précoces et des signes avant-coureurs de changements, de tendances ou de risques émergents), ce qui lui permettrait notamment d’anticiper des appels à se rassembler initiés sur diverses plateformes.

Toujours selon L’Informé, le gouvernement entend par ailleurs désormais s’appuyer davantage sur l’intelligence artificielle pour évaluer en temps réel les opinions et les dynamiques en ligne afin de mieux comprendre les préoccupations de la population.

Contactée au sujet de cette perspective de surveillance accrue et de ses impacts sur certaines libertés fondamentales en démocratie, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) explique n’être, à ce jour, pas en contact avec le SIG. « Des travaux d’analyse juridique sont en cours sur ce type de dispositifs d’une manière générale », commente simplement la CNIL.

Mieux contrôler l’opinion en vue des prochaines élections ? (...)

Guillaume Champeau : Sur le principe, vouloir connaître au plus vite des rassemblements spontanés n’est pas attentatoire à la liberté de réunion. Ca peut même être le contraire. Il peut s’agir légitimement de sécuriser, que ce soit les participants, des tiers ou des biens. L’atteinte
potentielle se produit donc selon la réaction des pouvoirs publics face à ce type de rassemblement, et c’est bien sûr là que l’on doit avoir le plus d’inquiétude pour les libertés publiques. Ce n’est pas la même chose de venir sécuriser un rassemblement pour qu’il se passe au mieux, ou de vouloir empêcher qu’il ait lieu, identifier les participants ou le réprimer. (...)

Ce n’est pas parce qu’un post est public sur Facebook ou X qu’on a le droit de le mettre dans une base de données et de l’analyser. Il y a un risque fort de surveillance massive et de fichage de données sensibles (orientation politique, sexuelle, religieuse…), et le fait que le SIG n’ait pas consulté la CNIL est un problème majeur. (...)

la vie privée est une liberté fondamentale, parce qu’elle est au fondement des autres libertés. Si vous craignez que tout ce que vous faites ou dites soit scruté, vous ne vous sentez plus libre de vous exprimer, de vous déplacer, de communiquer avec des tiers, d’effectuer certaines actions… Vous vous conformez à un modèle comportemental attendu pour éviter d’être signalé ou vu comme suspect, y compris si vous n’avez rien à vous reprocher et ne faites rien d’illicite. Il est donc fondamental que les éventuelles données traitées le soient de façon anonymisée, (...)