
Entre les démantèlements de camps, les violences, les expulsions dans le désert, le harcèlement des autorités et les arrestations, les exilés en Tunisie vivent constamment dans la crainte. Deux d’entre eux ont contacté la rédaction d’InfoMigrants. L’un est à Sfax, l’autre à Tunis. Et tous deux vivent chaque jour dans la peur et espèrent quitter le pays soit par la Méditerranée, soit par "retour volontaire".
"Je suis arrivé pour la première fois en Tunisie en 2023. Et ce qu’on peut dire, c’est que j’ai vécu beaucoup de choses dans ce pays. Beaucoup de traumatismes. On m’a arrêté, expulsé, déporté, emprisonné, vendu, racketté et pleins d’autres choses encore…
Ma première arrestation par les Tunisiens, ça a été lors de ma première tentative de traversée de la Méditerranée. Nous étions à bord d’un petit bateau et presque dans les eaux internationales lorsque les gardes-côtes nous ont attrapé. Ils nous ont ramené sur terre puis ensuite, on a été mis dans un bus direction Gafsa.
Là-bas, il y a un commissariat. On y a été enfermé plusieurs semaines puis on a été envoyé dans le désert, à la frontière avec l’Algérie. Ils nous ont laissé là, sans eau, ni nourriture. Ils nous ont même pris nos affaires. Les policiers tunisiens nous ont dit que si on revenait, ils allaient nous tirer dessus. (...)
Nous avons survécu en demandant de l’eau à des habitants mais la Tunisie n’est pas un pays riche, donc les gens nous donnaient ce qu’ils pouvaient. Puis finalement, après des jours de marche, nous avons atteint Sfax. Là, on a rejoint un campement dans les oliveraies.
Nous sommes allés au camp du km19. Mais un jour, la police a débarqué et ils ont détruit et brulé tout ce que nous avions, notre abri, nos affaires, etc… La police a détruit toutes nos réserves, les bouteilles d’eau et le matériel de cuisine
Après avoir été de nouveau interpellé puis emmené dans le désert algérien une seconde fois, Omar* est revenu à Sfax après une deuxième dangereuse marche dans le désert. Cette fois-ci au km25.
Là, nous dormons dehors. C’est un problème et nous manquons d’eau propre et nourriture. C’est dur. Les gens s’attendent à ce qu’un nouveau démantèlement ait lieu. Tous les jours, on a peur que la police revienne.. (...)
La police nous frappe, elle nous gifle. Et si vous posez des questions, ils frappent. Ils ne font que ça. Lorsque l’on était dans les bus vers le désert, les policiers nous ont attaché par les mains et les pieds puis nous ont menacés et insultés.
J’espère vraiment que je vais quitter cet enfer bientôt. Normalement, je reprends la mer dans quelques jours car vraiment, je n’en peux plus. Mais ça devient vraiment dur de traverser la Méditerranée. La plupart des gens sont obligés d’essayer plusieurs fois. Moi, je perds espoir. Je me repose uniquement sur le Seigneur maintenant. (...)