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CNRS
Transformer l’expertise en action : l’atout des sciences sociales
#sciencesSociales #actionPublique #radicalisation #prévention
Article mis en ligne le 26 juin 2025
dernière modification le 24 juin 2025

L’action publique entretient de nombreux liens avec les savoirs des sciences humaines et sociales. Le Conseil scientifique sur les processus de radicalisation est l’un de ces espaces d’échanges et d’actions, où la recherche interagit avec des acteurs de la décision publique dans plusieurs grands ministères tels que celui de la Justice, de l’éducation nationale, de l’intérieur et de l’enseignement supérieur et de la recherche.

L’instauration de ce dialogue entre institutionnels, politiques et scientifiques est destinée à mieux connaitre et à partager les travaux de recherche sur les radicalisations violentes et élaborer des propositions au bénéfice des politiques publiques de prévention et de lutte contre la radicalisation. Le travail du COSPRAD se décline en une série d’actions concrètes : le soutien à des équipes de recherche à travers les appels à manifestation d’intérêt2 , l’organisation d’ateliers thématiques et de rencontres scientifiques permettant les échanges croisés sur la base de travaux de recherche, la diffusion de documents explicatifs sur des notions clefs, par exemple des capsules vidéo favorisant la diffusion de recherches à destination d’un public initié comme du grand public, l’organisation de colloques… (...)

Des origines académiques à un ancrage interministériel (...)

En 2015, un premier rapport, remis au secrétariat d’État à la recherche de l’époque, indiquait la nécessité de mieux faire connaitre les résultats de la recherche aux acteurs de la puissance publique. L’idée du COSPRAD est introduite en 2016 par le Plan d’action contre la radicalisation et du terrorisme (PART) du gouvernement. Il est officiellement fondé en 2017 par un décret, puis complété par un second texte en décembre 2018 qui élargit son périmètre et conforte ses missions. « La mission du COSPRAD est de favoriser le dialogue entre les institutions publiques et les scientifiques, de mieux faire connaître la recherche en vue d’éclairer l’action publique, explique Françoise Paillous. Il permet d’identifier des travaux de recherche et des terrains étudiés grâce à son conseil scientifique, de diffuser des savoirs scientifiques, de favoriser l’accès des scientifiques à des données parfois sensibles et de partager et valoriser les résultats de la recherche en Sciences Humaines et Sociales

Le COSPRAD est une instance originale dans le paysage des institutions publiques françaises et internationales. Il est composé de directions des ministères de l’Intérieur, de l’Éducation nationale de l’Enseignement supérieur et de la recherche, des armées, de la justice, une direction interministérielle, le commissaire général à l’égalité des territoires, le secrétaire général au comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, le président du CNRS, un président d’université, un député et un sénateur, des représentants d’associations d’élus locaux ainsi que treize chercheurs en SHS. Le PDG du CNRS Antoine Petit en est le vice-président.

Au service de la prévention et de la pédagogie (...)

Le COSPRAD a, par exemple, travaillé avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au moment du procès de l’assassinat de Samuel Paty afin d’accompagner les enseignantes et enseignants questionnés par leurs élèves ou par les familles. « Nos ressources et contenus de formation s’appuient toujours sur les apports de la Recherche, souligne Frédéric Brouzes, conseiller établissements et action éducative à la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO). La diversité et la richesse de la Recherche permettent à l’École d’éviter un enfermement sur elle-même et de penser ses transformations en croisant les dimensions sociologiques, cognitives, épistémologiques, psychologiques et sociales des différents phénomènes qui la traversent. »

La DGESCO est une direction du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en charge notamment de la conception et de l’accompagnement des politiques éducatives. Elle participe à la mise en œuvre de toutes les politiques de prévention au sein de l’École et veille ainsi à l’animation des politiques préventives liées au processus de radicalisation. À ce titre, la directrice générale de l’enseignement scolaire est membre du COSPRAD. (...)

Les travaux interdisciplinaires (sociologie, psychologie, linguistique…) intéressent particulièrement les policiers, afin de comprendre notamment les parcours et les engagements des individus dans des pratiques radicales violentes. D’autant que certains auteurs d’actes violents suivent un long processus, et d’autres passent rapidement à l’action. « La notion de radicalisation est très complexe, elle est devenue médiatique et s’est dénaturée avec le temps, déplore Jean-Michel Avon. Le COSPRAD est un moyen idéal pour prendre de la hauteur sur ces sujets. La tutelle du CNRS est un gage de confiance, de sérieux et de qualité. »

En effet, le COSPRAD est un des « rares lieux d’échanges entre les grandes sphères institutionnelles et académiques », abonde un chargé de mission au sein de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), rattaché direction stratégie de défense, prospective et contre-prolifération, qui souhaite rester anonyme. (...)