Un Chinois qui a filmé en secret des camps de détention dans l’ouest de la Chine, où le gouvernement chinois détenait au moins des centaines de milliers d’Ouïghours et d’autres minorités musulmanes, risque aujourd’hui d’être expulsé des États-Unis.
Il avait demandé l’asile aux États-Unis, mais l’administration Trump estime désormais qu’il devrait être envoyé en Ouganda. Emily Feng, de NPR, nous en dit plus.
EMILY FENG, JOURNALISTE : Guan Heng, aujourd’hui âgé de 38 ans, a été intrigué par les reportages des médias occidentaux en 2020 sur les camps de détention au Xinjiang. C’est dans cette région occidentale que la Chine a commencé à détenir des Ouïghours et que les États-Unis ont sanctionné des responsables et des entreprises liés à cette campagne.
FENG : Comme Guan l’explique dans cette vidéo en ligne, il s’est rendu lui-même au Xinjiang. Il a filmé des dizaines d’heures d’images de camps de détention présumés. Pékin les appelle des centres de rééducation. Guan savait qu’il ne pourrait pas publier ce film tant qu’il serait en Chine. Il s’est donc enfui, d’abord en Équateur, qui à l’époque n’exigeait pas de visa pour les citoyens chinois, puis aux Bahamas, où il a acheté un bateau pneumatique. Bien qu’il n’ait aucune expérience de la navigation, il a réussi à rejoindre la Floride en octobre 2021. Une fois aux États-Unis, il a demandé l’asile et, selon son avocat, il a également obtenu un permis de travail.
Avant de mettre le cap sur les États-Unis, Guan a publié une vidéo YouTube avec ses images du Xinjiang, déclarant à la fin que si vous ne voulez pas être réduit en esclavage, vous devriez espérer que le Parti communiste chinois démissionne.
La mère de Guan, Luo Yun, s’est entretenue par téléphone avec NPR. Elle vit à Taïwan depuis des années, mais elle affirme qu’en Chine, tous les membres de leur famille ont subi des intimidations de la part de l’État à cause de la vidéo de son fils. Aux États-Unis, Guan a fait profil bas, attendant pendant près de quatre ans que sa demande d’asile soit examinée. Mais en août dernier, selon son avocat, l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) a fait une descente dans son appartement afin d’arrêter son colocataire.
Chuangchuang, l’avocat de Guan, affirme que Guan a simplement joué de malchance : il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Et Guan a admis, lorsqu’on lui a posé la question, qu’il était entré aux États-Unis sans visa.
Chen affirme que l’ICE a immédiatement placé Guan en détention, et que celui-ci est toujours détenu dans le nord de l’État de New York. Lundi dernier, lors d’une audience sur sa demande d’asile, un avocat de l’administration Trump s’est prononcé en faveur d’une expulsion vers un pays tiers, envoyant Guan en Ouganda, un pays africain avec lequel il n’a aucun lien et où il n’est jamais allé. Sa mère, Luo Yun, est bouleversée par cette idée.
Elle craint qu’il ne puisse garantir sa sécurité en Ouganda. Ce pays entretient des liens politiques étroits avec la Chine et développe des partenariats économiques avec elle. Emily Feng, NPR News.