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Un jeune ouvrier meurt d’épuisement, une lettre testament et des polémiques
#travail #accidentsdutravail #sécurité #INRS
Article mis en ligne le 17 septembre 2024
dernière modification le 15 septembre 2024

Au cœur d’un été étouffant, une polémique a enflammé les réseaux. Selon ses relais, France Culture aurait réécrit le texte laissé par un jeune ouvrier décédé dans son sommeil. Cet emballement paranoïaque a parasité le deuil d’une famille, invisibilisant le fond de ce message testament : l’oubli d’un monde prolétaire maltraité. Retour sur un évènement et un épisode symptomatiques de l’époque.

Le 27 juillet dernier, une famille, des amis, des collègues sont en deuil : Pierre est mort. Ce jeune ouvrier spécialisé sur les chaînes de production automobile a été formé au « Toyotisme », comme il le rappelait sur son CV en ligne, sur Linkedin. Il s’est éteint à 27 ans, d’épuisement. Abruti par les cadences, éreinté par les conditions de travail à la chaîne, abîmé.

Ce décès n’entrera pas dans la comptabilité des morts au travail du ministère (plus de 700 par an). Pierre est parti dans son sommeil à Audun-le-Tiche, petite commune de 8 000 habitants à la lisière de la Lorraine et du Luxembourg - un ancien bassin ouvrier, laminé par les crises à répétition. Mais sa courte existence a marqué. Bien au-delà du cercle de ses proches.

Malgré ses difficultés, Pierre pensait, rêvait et écrivait, sur sa condition et ses aspirations. L’un de ses textes. - « De l’Acier au satin, des ouvriers aux assassins » - a traversé l’été 2024 en France. Ce n’était pas une lettre d’adieu, plutôt une profession de foi : un appel à un autre monde possible, de la part d’un ancien lycéen en section littéraire, qui avait conservé une forte plume.

« Qu’est-ce qui est le pire, le mal de dos ? Les insomnies liées au travail posté de l’industrie ? Non ! Le pire, c’est la résignation ! Se contenter de ce qu’on a alors que l’on possède sans doute d’autres talents. » C’est ce qu’écrivait Pierre Gwiazdzinski. « Voilà le pire. Il y a une frustration indescriptible à faire un travail répétitif dénué de sens quand on a des idées plein la tête, mais le cerveau embrumé. »

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