L’administration Trump doit révéler quels types d’habilitations de sécurité ont été accordés à Elon Musk, a décidé mercredi un tribunal fédéral de New York.

"Le public a intérêt à savoir si le dirigeant de SpaceX et de Starlink détient les autorisations de sécurité appropriées", a écrit la juge Denise Cote.

La décision a été rendue dans le cadre d’un procès intenté par le New York Times contre l’Agence de contre-espionnage et de sécurité de la défense (Defense Counterintelligence and Security Agency), après que le journal a demandé l’an dernier à l’agence, en vertu de la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act), de lui communiquer les habilitations de sécurité du magnat milliardaire de la technologie.

L’agence a rejeté la demande à plusieurs reprises, arguant qu’elle pouvait constituer une atteinte injustifiée à la vie privée de M. Musk.

Dans sa décision, la juge a écrit que le statut public de Musk en tant qu’"employé spécial du gouvernement" - dirigeant le programme de réduction des coûts du DOGE de l’administration Trump - ainsi que les propres commentaires publics du milliardaire sur son habilitation de sécurité et sa vie personnelle, l’emportaient sur ces préoccupations.

Elle a souligné les révélations de Musk vues par des millions de personnes sur les médias sociaux, notamment un message de février dans lequel il écrivait : "J’ai une habilitation top secret depuis de nombreuses années et j’ai des habilitations qui sont elles-mêmes classifiées."

Elle a également noté les commentaires passés de Musk sur l’utilisation de drogues, y compris un aveu de 2023 selon lequel il utilisait occasionnellement de la kétamine, une substance contrôlée par le gouvernement fédéral. La juge a également souligné une déclaration de 2024 du milliardaire selon laquelle, après avoir fumé de la marijuana lors d’une apparition dans un podcast, la NASA a effectué des tests de dépistage de drogues réguliers.

"Les nombreuses déclarations publiques de Musk concernant sa propre consommation de drogues et ses contacts avec des dirigeants étrangers ne font que renforcer l’intérêt public de la divulgation", a ajouté Mme Cote dans sa décision.

The Independent a contacté SpaceX, la principale entreprise de Musk qui fait des affaires avec le gouvernement fédéral, pour obtenir des commentaires.

La décision de la Cour donne au gouvernement jusqu’au 17 octobre pour soumettre des expurgations potentielles au document d’habilitation de sécurité demandé par le journal.

La décision de mercredi est la dernière question juridique en date concernant le mandat controversé de M. Musk à la Maison Blanche, qui s’est achevé en mai.

La DOGE a donné lieu à de nombreuses poursuites judiciaires, et l’administration Trump a fait l’objet d’un examen approfondi en raison de la position inhabituelle de M. Musk en tant qu’"employé spécial du gouvernement", qui lui a permis d’échapper à certaines règles fédérales en matière de divulgation de l’information.

Au début du mandat de M. Trump, les fonctionnaires fédéraux semblaient ne pas pouvoir ou ne pas vouloir divulguer qui dirigeait réellement la DOGE, alors même que celle-ci cherchait à fermer des agences, à accéder à des données sensibles et à réduire les dépenses fédérales de plusieurs milliards d’euros.

Un juge a accusé la direction de la DOGE d’essayer d’"échapper" aux "obligations qui accompagnent le statut d’agence" - notamment le fait d’être soumis à la loi sur la liberté de l’information, à la loi sur la protection de la vie privée et à la loi sur les procédures administratives - "tout en ne récoltant que les avantages qui en découlent".

En février, l’administration a annoncé qu’Amy Gleason, ancienne conseillère principale de l’U.S. Digital Service, l’agence rebaptisée U.S. DOGE Service, était officiellement en charge, même si Musk semblait rester la force motrice de facto du DOGE.