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Street Press
Un juge RN candidat aux élections municipales 2026 continue de trancher sur le droit des étrangers
#juges #conflitsdinterets #RN #etrangers #immigration
Article mis en ligne le 8 décembre 2025

Tom Collen-Renaux, 26 ans, magistrat au tribunal administratif de Melun, conduit la liste RN aux municipales 2026 à Amilly, dans le Loiret. Avocats et syndicats dénoncent un conflit d’intérêts et un manque d’impartialité.

Peut-on trancher des questions de justice sur les étrangers et être candidat du Rassemblement national (RN), un parti au programme xénophobe ? La question s’est récemment posée avec un juge assesseur d’extrême droite écarté de la Cour nationale du droit d’asile, après des révélations du média « Les Jours » sur son passé au sein du parti lepéniste. StreetPress a découvert un nouveau cas : celui de Tom Collen-Renaux, candidat du RN à Amilly (45), ville de moins de 15.000 habitants, dans le Loiret. Le weekend, ce blond aux yeux bleus de 26 ans distribue des tracts, serre les mains et pose sur les photos de campagne du mouvement. La semaine, il revêt sa robe de magistrat et siège au tribunal administratif de Melun (77), où il tranche des affaires relatives au droit des étrangers.

StreetPress a pu consulter les décisions de Tom Collen-Renaux depuis son affectation au tribunal administratif de Melun en juillet 2024. En un an et demi d’exercice, le magistrat a statué sur une dizaine d’affaires en droit des étrangers, en tant que juge unique. Toutes ont été rejetées, dont l’audience en 2025 d’un Malien arrivé en France en 2012 et régularisé en 2021 grâce à son travail, représenté par Alice (1), avocate spécialisée en droit des étrangers. (...)

Lorsqu’un juge traite du droit des étrangers tout en militant pour un parti hostile à l’immigration, « cela fragilise la confiance envers la justice ». Le jugement doit repasser en appel.

Encarté RN depuis ses 16 ans

Sur le papier, rien n’interdit ce double rôle. (...)

Les syndicats d’avocats dénoncent un risque de conflit d’intérêts : l’engagement politique d’un magistrat ne doit pas influencer ses jugements. Pour Thomas Giraud, président du syndicat Justice administrative collective et indépendante, son appartenance au RN fait craindre que les demandeurs étrangers ne bénéficient pas du même traitement que les autres personnes jugées.

Tom Collen-Renaux certifie avoir « toujours été impartial ». « Je ne suis pas là pour appliquer mes idées », nuance-t-il et précise ne pas vouloir « être militant » ou « se faire plaisir » dans ses jugements. Il est en effet impossible de mesurer l’impact de son engagement politique sur toutes les décisions qu’il a rejetées. Thomas Giraud explique :

« Il est interdit de faire des statistiques sur les décisions rendues par telle ou telle personne. »

Difficile de savoir si le magistrat « prend des libertés par rapport au texte » ou s’il « ne fait que rejeter les requêtes ». (...)

Reste la question du cumul entre les fonctions de magistrat et de maire. La charte de déontologie autorise un magistrat à exercer un mandat électif tout en restant en poste, à condition que son engagement politique n’entrave pas sa participation aux audiences. Sur ce point, Tom Collen-Renaux indique « travailler ses dossiers à la maison » grâce à son « super bureau et ses trois écrans ». Une fois élu, il prévoit de « conserver sa double casquette », en combinant son rôle de magistrat avec un temps aménagé, et celui de maire RN.

Contacté, le ministère de la Justice n’a pas répondu aux sollicitations de StreetPress.