
Harcelée et victime de revenge porn dans un collège de Saint-Cloud, l’influenceuse de 17 ans, Miel Abitbol a créé une application pour œuvrer sur la santé mentale des jeunes.
Du haut de ses 17 ans, Miel Abitbol a déjà eu mille vies. Déjà catégorisée comme une star des réseaux sociaux avec ses 2,5 millions d’abonnés, dont 1,8 million sur TikTok, l’adolescente de 17 ans est devenue depuis septembre 2024 une cheffe d’entreprise. Avec son père, Guirchaume et la psychiatre, Claire Morin, la native de Périgny dans le Val-de-Marne a créé l’application Lyynk qui œuvre pour la santé mentale des plus jeunes.
Entre deux interviews, elle a pris le temps de retracer son parcours à actu Paris et expliquer les raisons qui l’ont poussée à lancer cette application. « Je veux éviter aux autres ce que j’ai vécu », affirme-t-elle.
« L’école a mis le sujet sous le tapis »
Car l’histoire de Miel est lourde et glaçante. Après plusieurs années à vivre « l’American Dream » à San Diego, l’adolescente revient en France en 2019. Mais ce retour est difficile. « J’étais assez seule, je n’avais pas trop d’amis », raconte-t-elle. Scolarisée dans l’American School of Paris à Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, Miel y vit un cauchemar : elle est victime de harcèlement et de revenge porn par un autre élève. « Il a été viré, mais l’école a mis le sujet sous le tapis. C’était tabou, il n’y a pas eu de sensibilisation sur ces questions, alors que d’autres filles en étaient victimes », déplore la jeune femme qui explique également avoir été victime d’un viol à la même période par le fils d’ex-amis de ses parents.
Ces années de collège marquent un tournant dans la vie de l’adolescente qui se retrouve « hospitalisée durant un an » et loupe « 350 heures de cours ». C’est sur un lit d’hôpital que ses parents découvrent son calvaire. (...)
Mais grâce au soutien « de ses proches », elle remonte petit à petit la pente, « même si ce fut très compliquée ». « J’étais un travail à temps plein pour mes parents, je pouvais vriller en cinq minutes », rembobine la jeune femme qui est encore aujourd’hui soumise à des traitements médicaux. Durant cette période, elle développe une passion pour l’art. « Ça me permettait d’exprimer mes émotions. » (...)
Alors que ses parents l’imaginaient plus dans le domaine du luxe, elle dit à son père : « il faut créer une application pour aider les jeunes ». (...)
Conçue comme « une safe place », cette application doit permettre de « recréer du lien entre les jeunes et les adultes ». Elle n’est pas destinée uniquement à ceux en difficulté, mais à tous. Sur Lyynk, les inscrits peuvent parler librement d’humeur, d’alimentation ou de sommeil.
Un outil, dont Miel et ses parents auraient bien aimé disposer quand elle était au plus bas (...)
Avec son application qui comptabilise plus de 200 000 comptes créés en deux mois, dont 100 000 lors des premières 24 heures, l’adolescente de 17 ans est devenue la porte-parole d’une jeunesse en souffrance. Ces derniers mois, elle a été reçue à l’Assemblée nationale et échange avec les équipes de l’ancien premier Ministre, Gabriel Attal, ou de la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet. Même si avec les politiques, les relations sont « compliquées ». (...)
Miel confie « bien le vivre » et »ne pas se rendre tout à fait compte » de cette nouvelle vie. Elle reconnaît toutefois que son quotidien est « différent » de » gens de son âge. (...)