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Vidéosurveillance algorithmique dans les supermarchés : la "tactique des petits pas" porte ses fruits
#videosurveillance #technopolice
Article mis en ligne le 3 février 2025
dernière modification le 30 janvier 2025

Le groupe Les Mousquetaire souhaite la déployer dans ses magasins pour lutter contre la fraude sur les caisses automatiques. Mais encore faudrait-il que la réglementation l’autorise. Enquête.

Depuis plusieurs années, les supermarchés déploient à tour de bras des caisses automatiques qui laissent au client la charge de scanner les articles et payer.

Une forme de travail gratuit qui touche toutefois une limite. Les tenanciers de ces établissements redoutent que ces nouveaux équipements ne facilitent le vol dans à l’étalage.

Pour faire face à ce problème, le groupe Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricorama) a annoncé vouloir étendre en 2025 le déploiement d’une solution de surveillance algorithmique au sein de ses magasins.
De la "transaction erronée" à la fraude

Le groupe avait inauguré un premier pilote en 2024 dans son Intermarché de La Farlede, qui avait été équipé de caisses embarquant le système Vynamic Smart Vision Shrink Reduction commercialisé par la société américaine Diebold Nixdorf. C’est finalement un communiqué du constructeur qui a annoncé début janvier le déploiement de ces solutions à plus grande échelle par le groupe.

L’accent est mis sur la détection des "transactions erronées" et la diminution des interventions humaines pour assister les clients à ses caisses automatiques.

Mais selon la présentation de la solution sur le site du fabricant, ce dispositif permet surtout d’avoir recours à des technologies d’intelligence artificielle pour analyser les images captées par les caméras installées sur les caisses automatiques. L’idée ? Détecter en temps réel les vols, pour permettre aux équipes d’intervenir. Soit un cas d’usage typique de vidéosurveillance algorithmique.

En attente d’un avis de la CNIL (...)

Un marché qui se porte bien

Ce flou juridique n’empêche pas les vendeurs de ce type de solution de proliférer. "Cela fait plusieurs années que nous nous battons contre ce type de déploiement. C’est un véritable marché qui s’est développé, en jouant sur une fausse incompréhension du droit en vigueur et en profitant du contexte de la loi sur les JO qui a ouvert certaines expérimentations" indique Noémie Levain, juriste membre de l’association La Quadrature du Net.

La Quadrature a recensé plusieurs autres acteurs de ce marché. (...)

Cette stratégie n’est pas neuve. En 2022, le président de la fédération du secteur Perifem s’agaçait de ne pas pouvoir déployer des solutions de vidéosurveillance algorithmique dans ses magasins. La faute à un cadre réglementaire encore trop sévère. Dans les colonnes du Monde, la fédération soulignait qu’outre la lutte contre les vols, ces solutions pouvaient avoir de nombreuses autres applications. Cela va de l’étude comportementale des clients dans les magasins à la détection de produits manquants en rayon. Voire à terme le déploiement de systèmes automatisés sans caisses, comme ceux testés par Amazon.
Une explosion du vol à l’étalage ?

La question du vol à l’étalage qui semble motiver les supermarchés à déployer ces solutions mérite toutefois d’être relativisée. Dans plusieurs articles, l’argumentaire justifiant l’installation de ces outils explique que la mise en place des caisses automatiques a provoqué "une explosion" du vol à l’étalage. Le ministère de l’intérieur mentionne une hausse de 15% des vols en 2022 par rapport à l’année précédente, pour un total de 42 000 plaintes enregistrées. La faute à l’inflation, ou parfois au déploiement des caisses automatiques, c’est selon.

Mais selon les chiffres des plaintes enregistrées pour vol à l’étalage publiés par le ministère, "l’explosion" n’est pas flagrante. (...)

Si on compare le nombre de plainte enregistré en 2022 avec celui de 2019, il est en baisse de 14,7%. (...)

Les chiffres récents des vols à l’étalage restent donc aujourd’hui entre les mains des commerçants. Interrogé sur le taux de fraude constaté dans ses magasins, le groupe Les Mousquetaires n’a pas souhaité répondre à nos questions. (...)