Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Telerama
WhatsApp, Signal… L’UE s’apprête à surveiller tous nos messages au nom de la lutte contre la pédocriminalité
#pedocriminalité #videosurveillance #surveillance #technopolice #reseauxsociaux
Article mis en ligne le 22 juin 2024
dernière modification le 20 juin 2024

La lutte contre la pédocriminalité peut-elle se faire à n’importe quel prix ? Oui, répond le Conseil de l’Union européenne. Ce jeudi, la chambre haute pourrait adopter un projet de règlement « établissant des règles pour prévenir et combattre les abus sexuels concernant les enfants ». Disposition phare du texte, discuté depuis 2022 : le scan systématique de toutes les images et des liens hypertextes transitant par les messageries privées, de WhatsApp à Signal. Ainsi, afin de pouvoir envoyer des photos à ses contacts, il faudrait préalablement consentir à ce que celles-ci soient examinées par un algorithme de détection des contenus illégaux. Une porte dérobée qui ouvre la voie à une surveillance de masse unanimement dénoncée par les associations de défense des libertés. En 2021, Apple avait un temps envisagé de développer un outil similaire pour passer son service iCloud au peigne fin, avant de renoncer momentanément face aux cris d’alarme des experts.

La lutte contre la pédocriminalité peut-elle se faire à n’importe quel prix ? Oui, répond le Conseil de l’Union européenne. Ce jeudi, la chambre haute pourrait adopter un projet de règlement « établissant des règles pour prévenir et combattre les abus sexuels concernant les enfants ». Disposition phare du texte, discuté depuis 2022 : le scan systématique de toutes les images et des liens hypertextes transitant par les messageries privées, de WhatsApp à Signal. Ainsi, afin de pouvoir envoyer des photos à ses contacts, il faudrait préalablement consentir à ce que celles-ci soient examinées par un algorithme de détection des contenus illégaux. Une porte dérobée qui ouvre la voie à une surveillance de masse unanimement dénoncée par les associations de défense des libertés. (...)

les opposants au règlement pointent le risque de faux positifs (combien de clichés anodins seraient susceptibles d’être épinglés par erreur ?), encore mis en avant dans une récente enquête du magazine allemand Der Spiegel, et qui transformerait le dispositif en usine à gaz.

Au mois de novembre, soucieux « d’éviter le contrôle généralisé de l’Internet », le Parlement européen avait d’ailleurs voté pour la sanctuarisation du chiffrement de bout en bout. (...)

Mais les ministres des pays membres, moins protecteurs des libertés publiques, ne l’entendent pas de cette oreille. (...)

Carte blanche aux gouvernements autoritaires

Ces derniers mois, pour forcer la décision, les représentants des polices d’Europe ont donc changé de vocabulaire. Exit le client-side scanning (« l’analyse côté client »), bonjour l’upload moderation (« la modération des téléchargements »), qui n’affaiblirait pas le chiffrement au motif que le contrôle s’effectue en amont de la transmission du message. Une nuance, soutenue par la France, qui ne convainc guère Meredith Whittaker, la présidente de la fondation Signal, l’une des applications les plus sûres, prisée des militants des droits humains et des journalistes (...)

Si cette législation devait être adoptée, Signal a déjà menacé de quitter le marché européen. (...)

Même son de cloche du côté de l’association European Digital Rights (EDRi). « Si cette proposition est adoptée, l’UE sera sur le point d’approuver l’utilisation de technologies qui compromettent fondamentalement la sécurité numérique », s’inquiète sa directrice politique, Ella Jakubowska. « Cela ne mettra pas seulement les citoyens européens en danger, mais donnera carte blanche aux gouvernements autoritaires du monde entier pour mettre en place des portes dérobées dans les communications privées de tout le monde. » En cas d’adoption, le projet de règlement sera examiné en trilogue à partir de l’automne.