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SOS Mediterranée
« Pas d’argent, pas de liberté » : torture et extorsion des personnes migrantes en Libye
#Libye #migants #immigration #maltraitances #exploitation
Article mis en ligne le 26 juin 2025

Marseille, le 26 juin 2025. – Depuis le début de nos missions de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, en 2016, les personnes que nous secourons rapportent systématiquement avoir subi des violences inimaginables tout au long de leur parcours migratoire. Les abus perpétrés par des milices, des trafiquants, des individus et même des acteurs liés à l’État sont la règle. Les personnes rescapées disent avoir été soumises à des détentions arbitraires, à la torture, au viol, à l’esclavage sexuel, à la famine et au travail forcé. Leur corps porte souvent les stigmates visibles des violences physiques endurées, tandis que leur esprit demeure marqué, bien après leur périple, par des traumatismes psychologiques profonds.

«  Ils faisaient fondre du plastique sur la tête et le dos des gens. Ça coulait sur leur corps et ça leur brûlait immédiatement la peau. Ils filmaient tout avec le téléphone de la personne qu’ils torturaient pour ensuite l’envoyer à la famille et demander de l’argent pour sa libération.  » George*, originaire du Cameroun

Cet article contient des descriptions explicites de torture, de violence physique et psychologique, ainsi que de traitements inhumains. Ces contenus peuvent heurter la sensibilité de certain·e·s lecteur·rice·s. Nous vous encourageons à faire preuve de prudence et à prendre soin de vous avant de poursuivre la lecture.

Marseille, le 26 juin 2025. – Depuis le début de nos missions de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, en 2016, les personnes que nous secourons rapportent systématiquement avoir subi des violences inimaginables tout au long de leur parcours migratoire. Les abus perpétrés par des milices, des trafiquants, des individus et même des acteurs liés à l’État sont la règle. Les personnes rescapées disent avoir été soumises à des détentions arbitraires, à la torture, au viol, à l’esclavage sexuel, à la famine et au travail forcé. Leur corps porte souvent les stigmates visibles des violences physiques endurées, tandis que leur esprit demeure marqué, bien après leur périple, par des traumatismes psychologiques profonds.

«  Ils faisaient fondre du plastique sur la tête et le dos des gens. Ça coulait sur leur corps et ça leur brûlait immédiatement la peau. Ils filmaient tout avec le téléphone de la personne qu’ils torturaient pour ensuite l’envoyer à la famille et demander de l’argent pour sa libération.  »
George*, originaire du Cameroun

Parmi les pays traversés, la Libye se distingue par la nature systématique et généralisée des violences. L’extorsion, la torture, le viol et le travail forcé s’y pratiquent ouvertement, dans des lieux de détention officiels et non officiels, souvent avec la complicité des autorités dans un contexte de gouvernance divisée. Les Nations Unies et Amnesty International ont dénoncé une collusion entre passeurs, gardiens de centres de détention et garde-côtes libyens. Ces acteurs opèrent ensemble, dans l’impunité, au sein d’un système coordonné d’exploitation.

Une fois à bord de notre navire, les personnes rescapées partagent fréquemment le récit de leur enlèvement sans motif et de leur détention dans des conditions inhumaines dans des centres surpeuplés, avec très peu de nourriture ou d’eau. La plupart sont forcées de donner le numéro de téléphone d’un membre de leur famille. La personne détenue est filmée en train d’être torturée, brûlée, battue ou électrocutée dans le but de faire pression sur ses proches afin qu’ils envoient une rançon.

Dans certains cas, des personnes rescapées ont expliqué avoir été enlevées dans la rue par des civils armés et séquestrées dans la maison de ces derniers. Leurs ravisseurs utilisent alors la violence pour leur extorquer de l’argent en échange de leur libération.

À bord de l’Ocean Viking, les personnes rescapées racontent également avoir été forcées d’assister à la torture et au viol d’autres personnes, une tactique délibérée pour instaurer la terreur. Enfants, femmes, hommes, tous sont exposés à ces horreurs qui laissent des blessures psychologiques profondes et durables. (...)

Cet article contient des descriptions explicites de torture, de violence physique et psychologique, ainsi que de traitements inhumains. Ces contenus peuvent heurter la sensibilité de certain·e·s lecteur·rice·s. Nous vous encourageons à faire preuve de prudence et à prendre soin de vous avant de poursuivre la lecture.

Marseille, le 26 juin 2025. – Depuis le début de nos missions de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, en 2016, les personnes que nous secourons rapportent systématiquement avoir subi des violences inimaginables tout au long de leur parcours migratoire. Les abus perpétrés par des milices, des trafiquants, des individus et même des acteurs liés à l’État sont la règle. Les personnes rescapées disent avoir été soumises à des détentions arbitraires, à la torture, au viol, à l’esclavage sexuel, à la famine et au travail forcé. Leur corps porte souvent les stigmates visibles des violences physiques endurées, tandis que leur esprit demeure marqué, bien après leur périple, par des traumatismes psychologiques profonds.

«  Ils faisaient fondre du plastique sur la tête et le dos des gens. Ça coulait sur leur corps et ça leur brûlait immédiatement la peau. Ils filmaient tout avec le téléphone de la personne qu’ils torturaient pour ensuite l’envoyer à la famille et demander de l’argent pour sa libération.  »
George*, originaire du Cameroun

Parmi les pays traversés, la Libye se distingue par la nature systématique et généralisée des violences. L’extorsion, la torture, le viol et le travail forcé s’y pratiquent ouvertement, dans des lieux de détention officiels et non officiels, souvent avec la complicité des autorités dans un contexte de gouvernance divisée. Les Nations Unies et Amnesty International ont dénoncé une collusion entre passeurs, gardiens de centres de détention et garde-côtes libyens. Ces acteurs opèrent ensemble, dans l’impunité, au sein d’un système coordonné d’exploitation.

Une fois à bord de notre navire, les personnes rescapées partagent fréquemment le récit de leur enlèvement sans motif et de leur détention dans des conditions inhumaines dans des centres surpeuplés, avec très peu de nourriture ou d’eau. La plupart sont forcées de donner le numéro de téléphone d’un membre de leur famille. La personne détenue est filmée en train d’être torturée, brûlée, battue ou électrocutée dans le but de faire pression sur ses proches afin qu’ils envoient une rançon.

Dans certains cas, des personnes rescapées ont expliqué avoir été enlevées dans la rue par des civils armés et séquestrées dans la maison de ces derniers. Leurs ravisseurs utilisent alors la violence pour leur extorquer de l’argent en échange de leur libération.

À bord de l’Ocean Viking, les personnes rescapées racontent également avoir été forcées d’assister à la torture et au viol d’autres personnes, une tactique délibérée pour instaurer la terreur. Enfants, femmes, hommes, tous sont exposés à ces horreurs qui laissent des blessures psychologiques profondes et durables.

« J’ai des cicatrices sur mon corps et dans ma tête, pour toujours »
Un survivant à bord de l’Ocean Viking

Les rançons exigées par les ravisseurs dans les centres de détention officiels ou clandestins vont de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars, des sommes colossales pour la plupart des familles. Déjà confrontées à la pauvreté ou à l’insécurité, elles n’ont souvent pas d’autre choix que de vendre leur terre, leur maison, leur bétail, ou de s’endetter lourdement, s’appauvrissant davantage, pour sauver leurs proches. Cependant, même après le paiement de la rançon, il n’est pas rare qu’une personne ainsi libérée soit de nouveau enlevée.

Le cycle des abus se répète encore et encore.

Celles et ceux qui tentent de fuir la Libye par la mer, si elles sont interceptées et renvoyées de force en Libye par les garde-côtes libyens, sont souvent battues encore plus violemment qu’avant.

Ces derniers mois, plusieurs charniers ont été découverts dans différents endroits en Libye, contenant les corps de personnes migrantes, certains avec des blessures par balle. L’Organisation internationale pour les migrations a recensé plus de 1 000 morts et disparitions de personnes migrantes en Libye pour la seule année 2024.

«  Peu de temps après avoir retrouvé ma liberté au sortir d’un premier centre de détention, j’ai été enlevé en pleine rue par des hommes armés qui ont exigé de l’argent si je voulais être libéré. Ils m’ont coupé une partie de l’orteil et un bout de doigt avec une machette. J’ai dû emprunter de l’argent à huit personnes différentes pour payer mes geôliers et être relâché.  »

Menes*, originaire d’Égypte

Les forces de sécurité et milices libyennes sont régulièrement accusées de crimes contre l’humanité. Les garde-côtes libyens, notamment, sont connus pour entraver et mettre en danger les opérations de sauvetage en mer, en plus d’intercepter les embarcations en détresse et de systématiquement renvoyer les personnes interceptées vers les centres de détention, perpétuant ainsi le cycle des abus.

Pourtant, l’Union européenne et ses États membres continuent de soutenir et de collaborer avec les autorités libyennes, notamment en finançant, en formant et en équipant les garde-côtes libyens. Ces politiques facilitent directement les renvois vers un pays qui ne peut, selon aucune norme légale ou morale, être considéré comme un lieu sûr.