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Le journal des banlieues
​ Kizo, combattant de la paix sociale à Grigny
Article mis en ligne le 5 novembre 2014
dernière modification le 31 octobre 2014

Kizo est médiateur social à Grigny, dans l’Essonne. Au cœur des quartiers de la Grande Borne et Grigny 2, régulièrement classés parmi les plus sensibles de France, il tente de remettre les jeunes les plus récalcitrants à l’autorité sur le droit chemin. Sa méthode ? Des entraînements intensifs de plein air, les No Joke Training.

Ce sport, dont le trentenaire a inventé les exercices et dont il a même déposé la marque, est pour lui une solution à la délinquance des jeunes. Souvent comparé au Street Work Out, mouvement de gymnastique de rue né aux Etats-Unis, le No Joke se distingue par sa portée sociale. « En s’entraînant, on apprend les règles. On apprend à se lever le matin, on apprend à endurer. Peut-être que cela les aidera plus tard quand il faudra qu’ils aillent travailler. »

Une rage conditionnée par la peur de l’autre

Kizo a été embauché par la mairie de Grigny en 2009, dans un contexte particulièrement tendu entre les différents quartiers de la ville. Pour calmer les tensions et grâce à l’autorité qu’il dégage, il fait s’entraîner ensemble des jeunes de bandes rivales. « Ils devaient s’entraider, tenir un sac pour l’autre, faire des exercices ensemble. Certains ont tellement détesté qu’ils ont arrêté de se battre pour ne pas avoir à recommencer !, s’amuse t-il. Mais d’autres ont choisi de continuer les entrainements et ont réussi à dépasser leur rivalité par le sport. »

Encouragé dans son action par la municipalité, il met ensuite en place des entraînements réguliers avec les jeunes au parc Coteau Vlaminck, à Grigny 2. (...)

En suivant Kizo dans le dédale des immeubles bas et longs de la Grande Borne, on rencontre Roms, 22 ans, qui fait partie de ces jeunes que Kizo a aidé. Il a suivi des entrainements avec le médiateur alors qu’il était un ado difficile, engagé dans une bande violente. « Avant, j’avais la rage, mais je ne comprenais pas pourquoi. Avec ma bande on se battait souvent, on n’aimait pas les gens qu’on ne connaissait pas. Le No Joke, ça m’a appris à canaliser ma colère, mais ça m’a surtout appris à fermer ma bouche. » Kizo voit dans cette violence les conséquences d’un enfermement psychologique. « Ici, c’est une prison à ciel ouvert. Ca peut paraître bizarre, mais les jeunes ont peur de sortir. Dehors, ils risquent de tomber sur d’autres bandes et de se battre, de se faire contrôler par la police, ou par les agents RATP. Donc ils vivent en huis clos et si tu restes enfermé, tu deviens fou. » (...)

Le combat contre l’ostracisme et la peur de l’autre, c’est ce qui porte chaque jour le médiateur. « Je veux montrer qu’il y a aussi de la solidarité dans les quartiers et plein de choses bien s’y passent, contrairement à ceux qui pensent qu’il faut y passer le Kärcher et montent les gens les uns contre les autres. Les médias se focalisent sur la minorité visible, en gros les noirs et les arabes, mais on ne voit jamais les autres délinquants. Et puis les jeunes ne font que reproduire ce que les Français de souche ont toujours fait avec les blousons noirs ou les blousons dorés. Ils perpétuent la tradition ! »

Le gamin de la Grande Borne sait de quoi il parle, car il a écrit un livre et produit un documentaire sur l’histoire des gangs en France. (...)