
Alors que la loi sur la fast-fashion est en examen à l’Assemblée, la filière textile de Roubaix tente de se relancer sur des bases durables. Dans le Nord, des entrepreneurs mettent en avant une production plus sobre et locale.
(...) grâce au concept innovant lancé en 2021 par Sacha Motta, Victor Legrain et Alexandre Bianchi — un atelier ouvert sur un bar depuis lequel on peut voir ses vêtements fabriqués à la demande —, la production textile se relance avec des vêtements personnalisables. Depuis sa création, l’entreprise double son chiffre d’affaires chaque année (...)
Une success story roubaisienne vue comme preuve d’un intérêt croissant pour des textiles plus responsables et relocalisés. (...)
Leur croissance a permis l’ouverture d’une usine de 800 m² dans les anciennes Manufactures Tissel sur un plateau de 11 000 m², il y a un an et demi. Ce lieu, dédié à l’économie circulaire, situé à deux pas de leur atelier-bar, leur a permis d’accroître leur production et de répondre aux demandes des marques telles que Cyrillus, Lemahieu, mais aussi Les Bonnes Sœurs, à Lille.
Dans le même esprit, Justine Faiderbe porte la création d’une société coopérative qui mêlera boutique partagée et plateau technique d’une dizaine de machines dans un lieu hybride, à Fives, quartier populaire lillois. « Ce qui freine notre développement, c’est qu’on doit tout faire : gestion, compta, accueil clients. Résultat, notre temps de production est limité. Avec ce projet, on veut que les entrepreneurs reviennent au cœur de leur métier, la production. En s’y mettant à plusieurs, on pourra répondre à des marchés aujourd’hui inaccessibles. »
La solution pour faire véritablement revivre le textile dans le Nord serait donc des business model sobres ? C’est en tout cas ce que semble penser la chercheuse Maud Herbert, chercheuse et cofondatrice de la chaire Text&Care — un laboratoire de recherche lillois spécialisé dans les liens entre textile, insertion et responsabilité sociale. (...)
Cette renaissance textile s’ancre dans une histoire plus récente : le printemps 2020, où couturières amatrices et professionnelles de la métropole lilloise se sont organisées pour produire masques, blouses et protections sanitaires pour lutter contre le Covid-19. Un véritable élan pour une filière en déclin depuis les années 1970. Cinq ans plus tard, si plusieurs structures ont fermé, d’autres renaissent ailleurs, plus résilientes et solidaires. (...)
80 ateliers fédérés (...)
des structures ont survécu et ont même su se développer, comme Vivaluz, à Tourcoing qui fabrique des accessoires de bureau et matériel de transport à partir de déchets textiles. « J’ai lancé la société en novembre 2021 et j’ai bénéficié de l’engouement pour le made in France », dit Isabelle Daydée. Sa force réside dans la diversité de ses clients : matériel bureautique, secteur culturel, édition, événementiel et cinéma (matériaux acoustiques, housses de transport sur mesure). (...)
Ce modèle « frugal » séduit Maud Herbert. Pour elle, c’est ce qui explique le succès des 3 Tricoteurs qui ont réussi à combiner un atelier de tricotage visible au public et un bar convivial, offrant ainsi une expérience immersive aux clients. Maud Herbert analyse : « Ils ont commencé petits, en travaillant d’abord avec des particuliers grâce à leur bar-café. Puis, là, ils se sont tournés vers le B to B, quand les commandes sont arrivées. » Une extension qui reste modeste comparé aux géants du secteur, mais qui ouvre une autre voie que celle de la fast-fashion.