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la dépêche
"120 battements par minute", grande fresque des années sida qui touche au coeur
Article mis en ligne le 24 août 2017

Il a attendu plus de vingt ans pour filmer le début de la lutte contre le sida, à travers le combat de l’association Act Up dont il fut membre.

Avec "120 battements par minute", en salles mercredi et Grand prix cette année à Cannes, Robin Campillo réalise un film bouleversant.

Là où de nombreux films sur l’épidémie qui a fait des ravages dans la communauté homosexuelle s’attardent sur des destins individuels (comme "Philadelphia" (1993) avec Tom Hanks), le réalisateur de 55 ans fait le pari du collectif et livre un grand film politique.

"Au début de l’épidémie, les gens ont vécu dans leur coin. Avec Act Up, des malades ont voulu casser la malédiction intime pour rendre la maladie plus visible et mettre les politiques face à leurs responsabilités", avait-il dit en mai à l’AFP lors du festival de Cannes où le film était en compétition.

Act Up, c’était "ne plus subir l’épidémie, en être aussi acteur", pour celui qui a été militant de l’association, connue pour ses slogans choc et ses opérations spectaculaires telles que les "die in", avec des participants s’allongeant par terre et faisant le mort.

De la mort, il est bien évidemment question dans le film, mais c’est surtout le combat contre l’indifférence, les laboratoires et la maladie qui passe au premier plan. (...)

En plus de deux heures, "120 battements par minute" montre un activisme mené avant les réseaux sociaux, mais ne verse ni dans la nostalgie, ni dans le documentaire, probablement car il fait la part belle à l’histoire d’amour entre Sean, séropositif, et Nathan, qui ne l’est pas.

Révélations du film, Nahuel Pérez Biscayart (bientôt à l’affiche d’"Au revoir là-haut" de et avec Albert Dupontel) et Arnaud Valois crèvent l’écran, aux côtés d’Adèle Haenel.

En lice pour la Palme d’or, le film a bouleversé la Croisette mais a dû se contenter du Grand prix. Il a en tout cas un fan de la première heure en la personne de Pedro Almodovar, président du jury cette année à Cannes. (...)

"En interpellant les politiques avec des actions fortes et symboliques, Act Up a joué un rôle fondamental", avait rappelé Jean-Luc Romero, premier homme politique à avoir révélé sa séropositivité. "A l’époque, ils étaient dans l’urgence et pensaient mourir".

"J’espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens", avait conclu l’actuel président de l’association des élus contre le sida.