
(Gaza) La Défense civile palestinienne a annoncé la mort de 14 personnes, dont 10 membres d’une même famille, dans des frappes israéliennes vendredi dans la bande de Gaza, l’ONU dénonçant l’impact de ces opérations sur les civils, en particulier enfants et femmes.
(...) Dans la cour de l’hôpital Nasser de Khan Younès, des habitants pleurent devant des corps de proches tués dans la frappe israélienne, alignés dans des sacs mortuaires blancs, selon des images de l’AFP. Une femme en larmes caresse le visage d’un homme défunt.
La maison de la famille al-Farra a été complètement éventrée, des gravats et objets personnels-une chaussure de sport, un ballon de football-jonchent le sol alentour.
« Au cours de la nuit, les troupes israéliennes ont intensifié leurs opérations terrestres dans le couloir de Morag », a indiqué l’armée, en référence à une zone tampon instaurée entre Khan Younès et Rafah, plus au sud. (...)
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a aussi dénoncé vendredi l’impact des frappes israéliennes de ces dernières semaines, déplorant un « large pourcentage d’enfants et de femmes » parmi les victimes.
Un cimetière pour refuge (...)
Le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal ben Farhane a appelé, après une réunion avec ses homologues régionaux en Turquie, à exercer une « pression maximale pour garantir » l’acheminement à Gaza de l’aide humanitaire, dont Israël bloque l’entrée depuis début mars.
Dans le territoire palestinien qualifié de « champ de mort » par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, les quelque 2,4 millions d’habitants ont été plusieurs fois déplacés par la guerre et vivent dans des conditions très dures.
L’armée israélienne a lancé de nouveaux appels aux habitants à évacuer des quartiers de Gaza-ville (nord) et de Khan Younès.
« Nous sommes contraints de fuir d’un endroit à un autre », confie Ibtissam Abu Ghanima, qui s’est réfugiée dans un cimetière de Gaza-ville. « Les morts sont mieux lotis que les vivants. En plus de l’odeur nauséabonde, on côtoie les rats et les reptiles, et on meurt de faim. »
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– (Francne24/AFP)
À Gaza, "un large pourcentage des victimes sont des enfants et des femmes", dénonce l’ONU
Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, l’étude de 36 frappes israéliennes effectuées entre le 18 mars et le 9 avril sur la bande de Gaza a révélé que les victimes étaient uniquement des femmes et des enfants. (...)
"Entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés", a indiqué le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme dans un communiqué, ajoutant que pour "36 frappes répertoriées et corroborées" par le Haut-Commissariat, les victimes "étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu’à présent".
Au même moment, la défense civile palestinienne a annoncé la mort de 10 membres d’une même famille, dont sept enfants, victime d’une frappe nocturne sur Khan Younès. (...)
"La mort, la destruction, les déplacements, le déni d’accès aux besoins fondamentaux à Gaza et l’idée répétée que les Gazaouis devraient quitter complètement le territoire soulèvent de réelles inquiétudes quant à la capacité future des Palestiniens à vivre en tant que groupe à Gaza", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.
Selon les informations de l’agence onusienne, malgré les ordres israéliens demandant aux civils de se déplacer vers la zone d’Al-Mawasi, "les frappes ont continué sur les tentes des déplacés dans cette région – avec au moins 23 incidents de ce type enregistrés par le Haut-Commissariat depuis le 18 mars".
"Crime contre l’humanité"
Ravina Shamdasani a aussi critiqué la multiplication des ordres d’évacuation donnés par l’armée israélienne "qui sont, en fait, des ordres de déplacement".
Israël, en tant que puissance occupante, peut légalement ordonner l’évacuation temporaire de civils dans certaines zones, mais "la nature et la portée des ordres d’évacuation soulèvent de sérieuses questions quant à l’intention d’Israël d’exclure définitivement la population civile de ces zones afin de créer une ’zone tampon’".
Le Haut-Commissariat rappelle que "déplacer définitivement la population civile dans un territoire occupé équivaut à un transfert forcé", qui "est un crime contre l’humanité selon le Statut de Rome".
À cela viennent s’ajouter "les attaques contre et le meurtre de journalistes palestiniens". Le Haut-Commissariat rappelle que diriger intentionnellement des attaques contre des civils ne participant pas directement aux hostilités constitue un crime de guerre.
Le blocus auquel est soumis Gaza depuis six semaines et les déclarations de responsables israéliens conditionnant l’entrée de l’aide humanitaire à la libération des otages aux mains du Hamas pourraient s’apparenter, d’une part, à une punition collective, et d’autre part, à la volonté d’affamer la population, deux "crimes au regard du droit international".