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1600 milliards de dollars : le coût astronomique d’une décennie de guerre contre le terrorisme
Article mis en ligne le 10 mars 2015
dernière modification le 3 mars 2015

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont dépensé au moins 1600 milliards de dollars dans la lutte contre le terrorisme, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et aussi en Afrique, a révélé un rapport du Congrès. Avec 350 000 personnes tuées, le coût humain de l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak est aussi extrêmement élevé. Ces centaines de milliards de dollars ont principalement bénéficié à l’industrie de l’armement et aux sociétés militaires privées. Et pour quels résultats alors que le Moyen-Orient continue de sombrer dans la guerre, le terrorisme et la pauvreté ?

Sur une décennie, c’est presque deux fois le coût de l’assurance santé, l’ « Obamacare », dont bénéficient près de 20 millions d’États-uniens (900 milliards de dollars sur dix ans). Et c’est l’équivalent de ce que l’Inde et ses 1,2 milliards d’habitants ont produit en une année (son PIB). Ce montant n’est pas avancé par une ONG altermondialiste ou un collectif de pacifistes. Ce n’est ni plus ni moins qu’un organe du parlement nord-américain, le Congressional Research Service, qui l’avance dans un rapport intitulé « Coût des guerres en Irak, en Afghanistan et des guerres globales contre le terrorisme depuis le 11 septembre », et publié en décembre 2014 [1].

Malgré l’ampleur de l’estimation, plusieurs universitaires considèrent encore ces chiffres comme sous-évalués. (...)

Ce montant faramineux démontre à lui seul le gigantisme qui caractérise le complexe militaro-industriel nord-américain. Précisons que ces 1600 milliards ne recoupent pas le budget de la défense des États-Unis. Le Pentagone dispose d’un budget séparé spécifique de 550 milliards de dollars. À eux seuls, les États-Unis représentent près de 40% des dépenses militaires dans le monde, pour 5% de la population mondiale ! Ce qui les place loin devant tous leurs rivaux.

Ce budget ne prend pas en compte les récentes opérations contre l’« État islamique », Daesh. Il n’inclut pas non plus, les dépenses propres aux opérations secrètes menées en partie par la CIA en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et ailleurs, (...)

Multinationales et sociétés militaires privées s’enrichissent

Ces sommes colossales font cependant des heureux : le complexe militaro-industriel. Ces sociétés sont les premières à avoir bénéficié de l’abondante manne guerrière et antiterroriste. Avec un chiffre d’affaires de plus de 45 milliards, Lockheed Martin, l’une des multinationales de l’armement les plus importantes au monde a vendu de tout : des véhicules blindés, des avions de chasse et de transport, des missiles Patriot ou Hellfire… Et pas seulement aux États-Unis, mais aussi aux États irakiens, afghans et israéliens. Boeing – qui ne construit pas que des avions de ligne, mais aussi des missiles (...)

Le business de la guerre et de la violence profite lui aussi des privatisations. Plusieurs dirigeants états-uniens ont proposé d’externaliser une partie des activités, et donc des coûts, de l’armée. Du combat direct sur le terrain, à la protection des ambassades et des personnalités nord-américaines ou étrangères, en passant par la récolte de renseignements, les États-Unis ont institutionnalisé le recours au « mercenariat corporate » : les sociétés militaires privées (SMP). En Irak, au pic de la présence nord-américaine et britannique, on estimait qu’environ cinquante sociétés militaires privées étaient en activité, employant près de 30 000 personnes, issus de différents pays : Nord-américains, Britanniques, mais aussi Népalais ou Bosniaques.
Un milliard de dollars par an aux mercenaires (...)

C’est ainsi que l’une des plus grandes entreprises de mercenariat privé, Blackwater – qui s’appelle désormais Academi – a pu s’enrichir sur le dos des gouvernements irakiens et afghans. Leur enrichissement est d’autant plus condamnable que Blackwater est accusé d’avoir commis plusieurs exactions en Irak et en Afghanistan. En Irak, ses mercenaires ont été impliqués dans près de 200 fusillades ayant coûté la vie à des civils. Les sociétés militaires privées ont un statut juridique flou en droit international humanitaire. Comme elles entretiennent de très forts liens avec l’administration et l’armée états-uniennes, elles échappent pour l’instant à des sanctions judiciaires concernant leurs actions en zone de guerre.
Des milliards de dollars évaporés

Les vendeurs d’armes ne sont pas les seuls à s’enrichir. La première société « non combattante » à avoir bénéficié de cette décennie de guerre s’appelle KBR Inc., plus connue sous son ancien nom : Halliburton, une société para-pétrolière qui fournit matériaux et services pour l’extraction de l’or noir. (...)

Qui paiera la prochaine facture ?

Les seigneurs de guerre, les chefs de clan, les leaders religieux, ainsi qu’une série de représentants d’autorités publiques ont entretenu la corruption comme système de gouvernance. Selon Transparency International, en 2013, l’Afghanistan de l’ancien président Hamid Karzaï, malgré la longue présence internationale, se classe très mal en matière de corruption : 140ème sur 177. Quant à l’Irak de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, il arrive en 170ème position... Un quart des Irakiens vivent dans une telle pauvreté qu’ils dépensent moins de 2,2 dollars par jour. Et ce, alors que sous leurs pieds se trouvent des réserves de pétrole parmi les plus importantes du monde. En Afghanistan, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

« Tant que le Moyen-Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l’Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient », déclarait le président Bush junior en 2004 pour justifier les guerres commencées et à venir. 1600 milliards ont été dépensés. 350 000 personnes tuées. Pour rien ? L’Afghanistan est toujours en proie à l’instabilité et à la guérilla des talibans. Le mouvement terroriste Daesh a émergé en Syrie et en Irak et constitue une nouvelle menace. Qui paiera la facture des dix prochaines années ?