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"200 tentes au total" : évacuation d’un campement de jeunes migrants dans le nord de Paris
#MNA #Paris #campements
Article mis en ligne le 13 juin 2025
dernière modification le 12 juin 2025

Ce mercredi, dès 7h du matin, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation d’un campement de jeunes migrants - en recours pour faire reconnaître leur minorité - dans le nord de Paris, le long du canal Saint-Denis. "Il faut réformer le système d’accueil : déplacer des personnes ne les fera pas disparaître", a réagi Paul Aluzy, le porte-parole de Médecins du Monde, présent sur place.

(...) "Ce campement, vers le pont de Flandres, non loin du périphérique parisien, existait depuis trois mois, certains occupants étaient auparavant à la Gaité lyrique", indique Paul Alauzy, porte-parole de Médecins du monde, joint par la rédaction. (...)

"Il y avait environ 200 tentes au total, et je dirais 80 % de mineurs isolés, le reste étaient des adultes. J’ai vu aussi quelques Afghans, des réfugiés statutaires, qui venaient d’autres campements mais qui espéraient une place en hébergement CAES [centres d’accueil, ndlr]". (...)

Comme toujours, les conditions de vie, sur un bout de bitume, n’étaient pas simples pour ces adolescents étrangers. À la violence de la rue, s’est aussi ajoutée la proximité avec des consommateurs de drogue dure. Les migrants vivaient à quelques mètres "d’une grosse scène de consommation de crack de Paris", a précisé le militant de Médecins du monde. La zone située au nord de Paris, vers le quai de l’Allier, dans le 19e arrondissement de Paris, est un carrefour bien connu des usagers de crack. "C’est violent pour les jeunes d’être confrontés à ce monde-là - qui reste un public aussi vulnérable. C’est facile pour personne".

Peu de personnes sont montés dans les bus affrétés par la préfecture

Le démantèlement s’est déroulé dans le calme, mis à part "quelques policiers qui ont secoué les tentes pour réveiller les personnes encore endormies", précise de son côté Luc Viger, chargé du pôle MNA (mineurs non accompagnés) chez Utopia 56.

"Deux cars ont été mis à disposition pour évacuer les personnes qui le souhaitent vers des accueils en région", a indiqué sur place le préfet de la région d’Ile-de-France Baptiste Rolland. Quelques places dans des établissements spécialisés pour les usagers de drogues sont également proposées, a-t-il ajouté. (...)

Mais peu de personnes en ont profité. D’une part parce que les mineurs refusent de quitter la région parisienne où ils attendent généralement leur audience avec un juge pour enfants. "Certains acceptent parfois de partir en région, mais les retours que nous avons sont dramatiques. Les jeunes nous disent qu’ils sont remis à la rue rapidement quand ils se présentent comme mineurs, ou qu’on les presse à déposer une demande d’asile ou à signer des documents disant qu’ils sont majeurs", explique encore Luc Viger. "Ces SAS [centres d’accueil] ne sont pas adaptés au MNA. C’est pas une solution, mais un camouflet", ajoute le porte-parole de Médecins du Monde.

Etre héberger en région parisienne, mission quasi impossible

D’autre part, parce que les bus affrétés par la préfecture vont souvent en province, en l’occurrence vers Bordeaux ce mercredi matin. "Il est impossible pour les adultes qui étaient présents sur ce campement de rester dans un centre en Ile-de-France. Pour rester ici [dans les environs de la capitale] il faut être BPI [réfugié statutaire ou sous protection subsidiaire, ndlr], avoir un CDI ou un CDD de 9 mois minimum", précise Paul Alauzy. "Quand on ne remplit pas ces critères, on doit obligatoirement aller en région. C’est un scandale. Imaginez un réfugié qui a réussi à trouver un emploi, mais qui travaille avec un CDD de 6 mois à Paris... Comment fait-il ? Il va à Bordeaux ?" (...)

Depuis des années, les associations et les militants dénoncent les politiques des gouvernements successifs qui empêchent la formation de campements de migrants partout sur le territoire national. Une stratégie qui a pour conséquences d’invisibiliser les exilés et de rendre le travail des ONG plus compliqué. Les migrants étant éparpillés partout, il est difficile pour les humanitaires d’effectuer un suivi et de repérer les cas les plus vulnérables.