
Au-delà de la situation pénale personnelle de Nicolas Sarkozy, qui a été jugé en 2020 et le sera de nouveau en 2021, le sarkozysme apparaît aujourd’hui comme un système unique en son genre quand on l’ausculte au prisme des innombrables dossiers judiciaires qui le cernent. Revue de détail en accès libre, et nos principales enquêtes de l’année sur l’ancien président et son entourage. (...)
En donnant comme titre Le Temps des tempêtes à son dernier ouvrage, une autobiographie politique sur les premières années de son quinquennat (2007-2012) parue l’été dernier, Nicolas Sarkozy a aussi fait un clin d’œil involontaire à son propre calendrier judiciaire.
Affaire des financements libyens, procès Bismuth, procès Bygmalion… : les années 2020 et 2021 sonnent en effet pour l’ancien président de la République comme un brutal rappel à l’ordre, loin des effets de communication, des conférences grassement rémunérées ou des pages people.
Nul ne sait, à ce jour, dans quel état Nicolas Sarkozy et son casier judiciaire sortiront des mâchoires de la justice, mais il faut d’ores et déjà prendre la mesure du caractère inédit, pour ne pas dire historique, de la situation qui est la sienne.
Jamais un ancien président n’avait été jugé pour « corruption » et « trafic d’influence ».
(...) Le jugement sera rendu le 1er mars.
Il n’est jamais arrivé qu’un ancien président doive faire face à deux procès en l’espace de six mois. Nicolas Sarkozy si, avec le procès Bygmalion, qui doit s’ouvrir en avril prochain à Paris.
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Jamais un ancien président français n’avait non plus été mis en examen pour « association de malfaiteurs », une incrimination souvent utilisée dans la lutte contre le grand banditisme. Nicolas Sarkozy si, avec l’affaire des financements libyens, qui a connu en 2020 une spectaculaire accélération judiciaire.
Déjà mis en examen depuis 2018 pour « corruption », « financement illicite de campagne électorale » et « recel de détournements de fonds publics [libyens] », Nicolas Sarkozy a écopé en octobre dernier d’une quatrième mise en examen, pour « association de malfaiteurs » donc.
L’ex-chef de l’État dénonce cette fois-ci un « complot » qui aurait été ourdi par une partie de la justice, de la presse (surtout Mediapart) et de la gauche ; il réfute toute malversation.
Dans tous les dossiers qui le visent, Nicolas Sarkozy est juridiquement présumé innocent.
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Il n’est pas un proche de l’ancien président qui n’ait eu maille à partir avec la justice ces dernières années.
La liste a quelque chose de vertigineux quand on se penche dessus : les mentors de Sarkozy, son premier ministre, ses amis d’adolescence, ses conseillers, plusieurs de ses ministres, son trésorier, son associé historique dans un cabinet d’avocats, son propre avocat, son maître espion, son témoin de mariage, sa suppléante, ses intermédiaires, son diplomate préféré, etc.
Certains ont été condamnés, d’autres vont être jugés, d’autres encore ne sont « que » mis en examen dans les enquêtes en cours, mais tous décrivent par les faits qui leur sont reprochés un terrible soupçon pour une démocratie comme la France : l’idée qu’un clan est suspecté d’avoir, probablement comme nul autre avant lui, profité du pouvoir pour avoir toujours plus. Plus de pouvoir encore, plus d’argent, plus de faveurs, plus de passe-droits.