
Désormais, la capitale allemande attire les investisseurs immobiliers autant que les touristes. Résultat : des loyers en hausse, des pauvres poussés vers les périphéries et des logements sociaux privatisés. Le logement était l’un des grands thèmes de campagne pour les élections locales du 18 septembre. Plutôt que d’agir avant que Berlin ne rejoigne Paris et Londres au rang des capitales aux prix exorbitants, le gouvernement local a jusqu’ici nié le problème. Mais les locataires se défendent.
les loyers augmentent fortement depuis quelques années, et pendant la campagne électorale, la mairie a minimisé les nouvelles tensions de l’immobilier berlinois. Début septembre, une manifestation organisée par un réseau d’initiatives de quartiers contre la hausse des loyers a réuni environ 6.000 personnes. (...)
Les spéculateurs immobiliers découvrent depuis quelques années les charmes potentiels de la capitale la plus branchée d’Europe, et pas seulement pour y construire du neuf. « De plus en plus d’appartements de locations sont vendus à des propriétaires-occupants [2]. C’est un plus gros problème encore. Il y a aussi un phénomène très important de changement de propriétaires pour des groupes entiers de logements. Nous avons atteint un record cette année. Et les acheteurs veulent naturellement rentrer dans leur frais soit en revendant plus cher, soit en augmentant les loyers. » (...)
Pour une partie des logements sociaux, les prix risquent même d’augmenter jusqu’à 21 euros/m2 (juste en dessous du niveau moyen parisien). C’est le loyer coûtant, qui couvre et l’entretien et le remboursement des frais de construction de ces immeubles érigés dans les années 70 à 90, avec des aides publiques. En 2003, le Land de Berlin a décidé de supprimer ses subventions pour 28.000 appartements, au fur et à mesure des années. Leurs propriétaires privés peuvent alors augmenter les loyers d’un seul coup, jusqu’au niveau coûtant.
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Dans un autre quartier très prisé, au nord de la ville, les locataires de la rue Greifenhagener ont appris une augmentation jusqu’à 80 % de leur loyer actuel.
La mairie a bien adopté une nouvelle loi pour ces logements en juillet. Elle rallonge le délai de départ pour les locataires qui refusent la hausse (jusqu’à six mois) et prévoit des compensations (aide au loyer et au déménagement). Mais le texte facilite aussi la sortie des logements libérés du domaine social, si le propriétaire rembourse en avance les prêts accordés par le Land. « La ville se dessaisit par là de son influence sur l’occupation des lieux », regrette l’activiste. Déjà en 2004, Berlin a privatisé l’un de ses grands bailleurs sociaux, GSW. La société a fait son entrée en bourse en avril.
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