
Des bars autogérés en coopérative, où les co-gérants sont élus par les serveurs et les cuisiniers tout en percevant le même salaire, qui proposent bière artisanale et alimentation locale... Cela se passe dans la région lyonnaise. Deux bars, le Court-circuit et le Bieristan commencent à essaimer leur modèle en proposant des formations ouvertes au grand public. Une alternative pour en finir avec la précarité du secteur de la restauration ?
« Qui a choisi la mousse au chocolat en dessert ? », demande la serveuse aux sept personnes attablées au Bieristan. Ce bar est devenu un incontournable à Villeurbanne, la plus grande ville de la banlieue lyonnaise. Dans une ambiance de brasserie industrielle, une fois leur bière locale commandée au comptoir, les clients s’installent sur des chaises et des canapés. Dès l’arrivée des beaux jours, la terrasse est prise d’assaut. Pour le déjeuner, un menu unique à base de produits locaux et de saison est proposé. Ceux qui n’ont d’ailleurs pas opté pour la mousse au chocolat en dessert, ont pu choisir une glace d’asperges et reine des prés accompagnée d’une réduction de fraise et d’un sablé à la noisette.
Le Bieristan est une société coopérative et participative (Scop), avec un fonctionnement bien spécifique
: « L’établissement fonctionne sans hiérarchie pyramidale, et toutes les personnes qui y travaillent en sont propriétaires, de manière démocratique, détaille Marco, qui fait partie de l’équipe. Chacun a un poste spécifique, mais est aussi amené à réaliser les autres tâches, qu’elles soient manuelles ou administratives. » Ainsi, pendant deux jours, Marco porte la casquette de formateur du Grenade (Groupement d’entreprises alternatives en développement), une structure « sœur » du Bieristan. Objectif : aider d’autres bars autogérés à se monter. (...)
Une heure par semaine payée... pour réfléchir (...)
Huit ans sans exercice déficitaire
Pour les deux bars, le succès est à la clé. En huit années, ils n’ont pas connu un seul exercice déficitaire. Le salaire des employés a comme prévu été augmenté, ainsi que leur nombre. De trois, ils sont désormais plus d’une trentaine à travailler dans les deux Scops, dont le chiffre d’affaires total atteint presque deux millions d’euros. Une réussite qui intéresse et questionne. Marco raconte : « Toutes les semaines, nous mangions et prenions des cafés avec des personnes qui souhaitaient en savoir davantage. Nous donnions des conseils gratuits. L’idée de créer une véritable formation a alors émergé, à la fois pour que cela devienne viable, et aussi pour que l’on puisse offrir un programme de meilleur qualité. »