
Politique du fait accompli en mer de Chine, grandes manœuvres en Crimée et en Pologne, déploiement d’un bouclier antimissile balistique en Europe orientale : les puissances nucléaires montrent leurs muscles. Dans les cercles dirigeants de Moscou, de Pékin et de Washington, les faucons reprennent la main. En déployant quatre bataillons à proximité de la frontière russe, l’Alliance atlantique ajoute à une tension grandissante, tandis que les stratèges occidentaux n’excluent plus l’hypothèse d’une guerre ouverte.
Alors que la course à la présidence américaine bat son plein et que les responsables européens étudient les conséquences du « Brexit », les débats publics sur la sécurité se focalisent sur la lutte contre le terrorisme international. Mais, si ce sujet sature l’espace médiatique et politique, il joue un rôle relativement secondaire dans les échanges entre généraux, amiraux et ministres de la défense. Car ce ne sont pas les conflits de basse intensité qui retiennent leur attention, mais ce qu’ils nomment les « guerres ouvertes » : des conflits majeurs contre des puissances nucléaires comme la Russie et la Chine. Les stratèges occidentaux envisagent à nouveau un choc de ce type, comme au plus fort de la guerre froide.
Cette évolution, négligée par les médias, entraîne de lourdes conséquences, à commencer par la montée des tensions entre la Russie et l’Occident, chacun observant l’autre dans l’attente d’un affrontement. Plus inquiétant, nombre de dirigeants politiques estiment non seulement qu’une guerre serait possible, mais qu’elle pourrait éclater d’un moment à l’autre — une perception qui, dans l’histoire, a précipité les réponses militaires là où une solution diplomatique aurait pu intervenir.
Cette humeur générale belliqueuse transparaît dans les rapports et les commentaires des hauts cadres militaires occidentaux lors des rencontres et conférences diverses auxquelles ils participent (...)