
(...) Les deux livres présentés mardi 16 février à la bibliothèque autogérée de Malakoff (BAM), À ceux qui se croient libres (L’Insomniaque, réédité en 2015) de Nadia Ménenger et Beau comme une prison qui brûle de Kyou sont deux récits de prisonniers et de militants anti-carcéraux qui se battent dedans et dehors contre l’enfermement, depuis les années 1980
À ceux qui se croient libres a pour la première fois été édité en 2009. Il est le fruit du travail d’assemblage de témoignages recueillis par Nadia Ménenger et de textes et dessins de Thierry Chatbi, co-auteur posthume.
Nadia Ménenger est militante anti-carcérale. Elle a très vite remis en question la prison - à qui elle sert, comment elle fonctionne – voyant son jeune frère incarcéré en 1985. Au cours de cette période, elle crée une association de parents-amis de détenus. Elle a participé à la constitution d’un collectif pour l’abolition de l’isolement carcéral (Caic) et au lancement de l’émission de radio hebdomadaire Parloir libre. L’émission a donné la parole aux prisonniers, relayé et soutenu les luttes à l’intérieur des prisons et permis d’informer sur ce qui se passe à l’intérieur, notamment sur le suivi du mouvement. Parloir libre sert alors de caisse de résonance des mouvements qui ont lieu au sein des prisons, diffusant les plates-formes de revendication locale et nationale comme la fermeture des quartiers d’isolement, la fin du mitard, du prétoire, le paiement des prisonniers au smic, les demandes de sortie plus rapide avec les conditionnelles et remises de peine. En 2000, Nadia participe au lancement de l’émission de radio l’Envolée (qui deviendra aussi un journal) qu’elle quitte en 2007, puis reprend quelques années plus tard, avec une émission mensuelle qu’elle anime avec Kyou, un ancien détenu. (...)
A ceux qui se croient libres retrace le parcours d’un prisonnier social – parce qu’issu d’un milieu populaire - Thierry Chatbi. Son enfance permet aussi de comprendre l’origine sociale des prisonniers. On ne peut ignorer que la plupart des prisonniers viennent de quartiers pauvres et représentent le prolétariat ou le lumpenprolétariat rejeté du monde du travail ou assujetti au précariat, ce qui n’est pas sans interroger sur qui va en prison et pourquoi. (...)
La réédition de 2015 permet aussi de faire de la prison une question politique, sociale et non pas une question d’individus, comme il est courant de l’entendre actuellement. C’est aussi important de transmettre la mémoire de cette lutte pour les nouvelles générations qui n’ont pas connu ces mobilisations. (...)