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À f‌leur de banlieue : Les Gracieuses, de Fatima Sissani
Article mis en ligne le 3 juin 2016
dernière modification le 29 mai 2016

Comment un film sur une bande d’amies du Val-de-Marne soulève-t-il autant de débats lors des projections publiques ? Peut-être parce que, tout en douceur, il met le doigt là où ça saigne. Et révèle le soupçon maladif auquel sont soumises les identités multiples dans ce pays. Conversation avec Fatima Sissani.

Les Gracieuses donne à voir une histoire d’amitié entre filles de banlieue, dans un subtil mouvement qui va du quotidien jusqu’à la réflexion sur les identités croisées qui dérangent ce pays. « Leïla est ma nièce et je l’ai toujours vue avec sa bande. On en rit dans la famille : à la moindre fête, à chaque mariage, Leïla demandait si elle pouvait venir avec ses sept copines. Je les ai vues grandir et pousser de plus en plus loin les limites de la solidarité. Elles ont toujours été là les unes pour les autres, dans les moments difficiles, et aussi dans les grands événements de leur vie. Et ça, ce sentiment amoureux et collectif, ça m’émeut beaucoup. » Entre interviews face caméra et scènes de convivialité ou au travail, le film montre ce qui fait la solidité de leur joyeuse amitié.

« Ce qui m’a le plus étonnée, au cours du tournage, c’est l’absence de colère. Je suis de la génération antérieure, et j’ai eu beaucoup de colère, à leur âge, sur l’immigration, sur les quartiers populaires, sur le sort qui nous a été fait. Néanmoins, il y a chez elles une hypersensibilité à l’injustice. Elles ne laissent rien passer. Et puis aussi une grande générosité, entre elles et envers les autres. (...)