
Entre leur réputation et les bénéfices, les banques hésitent. Et un mauvais article peut les inciter à se montrer vertueuses. C’est pourquoi Oxfam France lance aujourd’hui une campagne incitant les établissements français, et notamment BNP Paribas, à arrêter de spéculer sur les matières premières agricoles, une activité qui pousse les prix à la hausse et peut avoir des répercussions catastrophiques dans les pays pauvres.
L’ONG espère que son message sera relayé à l’Assemblée, où se discute dès aujourd’hui la loi bancaire. Et vu la timidité du gouvernement sur un tel sujet, la pression de l’opinion sera essentielle.
Un marché détourné pour faire du blé
Afrique, Asie, Amérique latine… La liste des émeutes de la faim n’a cessé de s’allonger. Une première fois en 2008, puis en 2010 et enfin en 2012. Et les organisations mondiales n’ont rien vu venir. De 2005 à 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%. Du jamais-vu. Pour des raisons aussi diverses que la mode des biocarburants, l’abandon des politiques de stockage, le changement climatique, la hausse des cours mondiaux des céréales - celle du blé a été de 181% sur cette période.
C’est sans compter le phénomène d’une financiarisation à l’extrême des marchés agricoles. Dans son étude « Banques : la faim leur profite bien », Oxfam souligne l’importance que jouent les opérateurs financiers sur les marchés des contrats de dérivés agricoles. (...)