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Exporter au lieu de nourrir, le « scandale » de l’agriculture française
#agriculture #France #exporter #nourrir
Article mis en ligne le 31 mai 2025
dernière modification le 28 mai 2025

Première surface agricole de l’UE, la France peine à nourrir sa population : elle préfère exporter, dénonce un rapport de Terre de liens. Un « scandale » orchestré par l’agro-industrie.

« Un scandale made in France. » Voilà comment l’association Terre de liens résume l’usage des terres agricoles en France. Dans un rapport sur la souveraineté alimentaire, publié le 17 février, elle décortique les paradoxes de l’agriculture française en se penchant sur les usages des terres agricoles. Verdict : la France a beau être la première surface agricole de l’Union européenne, elle compte 11 millions de personnes en précarité alimentaire (17 % de sa population). Pire, elle doit importer un tiers de ses fruits et légumes pour répondre à sa consommation.

Selon l’association, qui reprend les données du bureau d’études Solagro, 43 % des terres agricoles sont actuellement dédiées à l’exportation. (...)

la France doit importer toujours plus de denrées alimentaires destinées à la grande distribution ou à l’industrie de la transformation. « Depuis vingt ans, nos importations ont doublé. On importe un tiers des fruits et légumes qui sont consommés en France, un tiers de la volaille, un quart de la viande de porc, tous ces produits que nous savons produire en France », dénonce Coline Sovran, coautrice du rapport de Terre de liens.

L’association appelle le gouvernement « à mettre en cohérence la production agricole avec les besoins alimentaires », alors qu’est actuellement en débat la loi d’orientation agricole censée répondre à la colère des agriculteurs et que 16 % des Français déclarent ne pas avoir assez à manger (...)

70 % de la production agricole est en effet destinée à être transformée. « Même si les terres agricoles ne leur appartiennent pas, les agro-industriels, qui achètent les matières premières et les transforment, influencent la vocation des terres agricoles », pointe Coline Sovran.

L’association dénonce le rôle de la Politique agricole commune (PAC) dans l’industrialisation de l’agriculture. En subventionnant les fermes en proportion de leur surface, elle a contribué à leur agrandissement pour répondre aux exigences de l’agro-industrie. De quoi rendre encore plus dépendants les agriculteurs de leurs acheteurs et transformateurs. (...)

Coûts cachés

Le modèle agricole industriel est aussi fortement dépendant des importations d’engrais de synthèse, de semences, de pesticides ou encore de pétrole, consommés massivement par les agriculteurs pour rester compétitifs sur le marché international, observe Terre de liens. La foncière déplore que « ces coûts cachés » ne soient pas pris en compte dans le calcul du solde commercial sur les produits agroalimentaires (la différence entre les exportations et importations), évalué à 5,3 milliards d’euros en 2023 par le ministère de l’Économie. (...)