
A force d’entendre éditorialistes et responsables politiques nous assommer avec l’antisionisme « de façade » des manifestants – décrit comme un cache-sexe à la « haine du juif » –, il devient difficile d’y voir clair. Les rassemblements pro-Gaza, de simples vase-clos antisémites ? Lors de la manifestation du mercredi 23 juillet à Paris, nous sommes allés à la rencontre des personnes qui formaient le cortège pour connaitre les raisons de leur présence, leurs engagements, et leurs indignations.
Où était la poignée d’antisémites turbulents à la manifestation pro-Gaza, mercredi 23 juillet, et dont on nous a tant rebattu les oreilles, que certains se figurent qu’ils en sont des échantillons représentatifs ?
Nulle part, cette fois-ci. Ou alors bien camouflés.
Ce qui a donc laissé vacant l’espace public pour les militants et les indignés de tous bords qui, de concert, estiment que les derniers débordements « desservent la cause ».
Ne pas se taire
Dans le brouhaha tranquille de la foule, des mégaphones grésillant, et des slogans scandés à l’unisson, quelques voix ressortent en grand, se détachent du lot, pour expliquer pourquoi manifester est « vital ». « A notre échelle, participer à la manifestation est encore la moindre des choses. Pour moi, ce qui se passe à Gaza est un génocide », s’insurge Carole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), qui défile avec sa copine algérienne. « C’est inadmissible que personne ne réagisse », poursuit-elle.
Et l’immobilisme est exclu. « Se taire, ne rien faire, c’est consentir à ce qui se passe là-bas », renchérit Achmi, emmitouflé dans un drapeau français. Le mot court sur toutes les langues. « Ne rien dire, c’est cautionner », confirme Leima, les bras empêtrés dans son drapeau arc-en-ciel.
Seule façon de s’exprimer contre le « massacre » et « l’apartheid »
De fait, se mobiliser derrière une banderole, et « crier (leur) colère », est souvent le seul modus operandi accessible pour ces « indignés » face au « massacre et au blocus d’Israël à Gaza, aux familles gazaouites tuées. Comme toutes les guerres dans le monde, ça nous affecte, c’est humain », décrit Guillaume. « Ce qui se passe en Palestine, c’est l’apartheid. On voit que toutes les libertés des Palestiniens sont bafouées. Par exemple, à Gaza, le gouvernement israélien déverse ses eaux usées, les nappes phréatiques seront bientôt inexploitables », déplore Alain Borlant, conseiller municipal à Bagneux, et encarté au Parti de gauche (PG), qui rejoint vite ses acolytes.
La foule s’écoule calmement vers Montparnasse, et les manifestants mettent le doigt sur leurs motifs. Achmi, lui, « ne peu(t) rester insensible aux bombardements ». « Je suis pour les peuples opprimés et ceux qui souffrent », lance Leima. Les plus rhéteurs chercheront en vain des souillures antisémites dans ces discours pacifistes. (...)