
Le silence des médias officiels n’a pas empêché le vif succès de la Rencontre de Reporterre, lundi 6 octobre. Dans une salle comble, des politiques animés par l’écologie ont, en musique, en interaction avec le public, et avec tirage au sort, réfléchi ensemble aux moyens de coopérer pour sortir par le haut du marasme actuel. Une bonne soirée... qui doit se prolonger concrètement.
Cela a commencé par de la musique doucement jazzy et cela c’est terminé de la même façon.
Entre les deux : trois heures de débats et de discussions rondement menées dans une salle parisienne, le théâtre Déjazet, pleine comme un œuf.
Oui, la rencontre organisée, lundi 6 octobre en début de soirée, par Reporterre a été un succès indéniable malgré la modicité des moyens matériels mis en œuvre (un budget de 4.300 euros, la salle étant par ailleurs prêtée). Pas de publicité ni d’annonce dans les médias, pas d’affichage, et pourtant, plus de six cents personnes sont venues écouter, interpeller, dialoguer avec nos huit invités. On a parlé de « remettre de l’humain dans la politique », de « repolitiser la société et de resocialiser la politique », de Jacques Ellul et d’Ivan Illich, de culture et de poésie…
Le thème de la rencontre - L’écologie au cœur de la reconstruction politique – était ambitieux. Non pas que la nécessité d’une reconstruction politique – certains intervenants préférant le terme de « refondation » - ait été contestée à l’heure où le Front national engrange les suffrages et où l’abstention est devenue massive. Que ce soit Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Noël Mamère, député-maire, Barbara Romagnan (députée PS « frondeuse ») ou Pierre Larrouturou (conseiller régional et fondateur du parti Nouvelle Donne) tous souhaitent, sans en masquer les difficultés, que le système politique français change profondément et qu’une 6e République naisse sur les décombres de l’actuelle, « qui est à la solde de l’oligarchie, de la finance, des puissants » (Vincent Liegey, objecteur de croissance). (...)
Faut-il s’appuyer sur les formations politiques pour accélérer le changement ? C’est peu dire que tous les participants à la Rencontre de Reporterre ont eu la dent dure à l’égard des partis – en particulier ceux de gauche – et de leurs dirigeants accusés d’être coupés des citoyens et d’avoir vendu leur âme au diable – en clair au libéralisme ambiant. (...)
Pour autant, les formations politiques restent indispensables et personne ne songe à les passer par perte et profits (...)
Là où l’unanimité s’est faite parmi les intervenants, c’est sur le positionnement de l’écologie. « L’écologie ne peut qu’être anti-capitaliste », a résumé Anne Le Strat, applaudie par la salle. (...)
Cet enracinement politique de l’écologie, quels combats doit-il privilégier ? Il y a ceux déjà engagés aux noms sans doute bien connus de ceux qui étaient là lundi soir : Notre-Dame-des-Landes, la ferme-usine des Mille vaches, le barrage de Sivens, dans le Tarn… Et il y a les autres combats, à la portée plus générale. La lutte contre le nucléaire en est un, sans doute le plus urgent, le plus immédiat à l’heure où les parlementaires discutent du projet de loi dit de la transition énergétique (« un leure », selon Noël Mamère). Mais ce n’est pas le seul. Le traité de libre-échange en cours de négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis (le Grand marché transatlantique, « sur lequel on peut gagner », a assuré Pierre Larrouturou) en est un autre qui inquiète par ses conséquences possibles. Idem pour l’alimentation, sur lequel il aurait sans doute fallu s’appesantir davantage, avec sa double interrogation : Comment lutter contre les « multinationales de la malbouffe ? » et « Comment lutter contre l’accaparement des terres ?" (...)
Plusieurs propositions concrètes de coopération entre les mouvements présents sont en tout cas sorties de la réunion
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