
À la suite des révélations du New York Times sur les accusations d’abus sexuels visant l’ex-adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, une enquête a été confiée à la brigade de protection des mineurs.
Le parquet de Paris a annoncé, mardi 18 août, avoir ouvert une enquête pour viol visant Christophe Girard, à la suite des révélations du New York Times. Le quotidien américain a révélé dimanche le témoignage d’Aniss Hmaïd, âgé de 46 ans, qui accuse l’ancien adjoint à la culture de la mairie de Paris d’abus sexuels sur une période de dix ans quand il était mineur.
Leur rencontre s’est déroulée en Tunisie alors que Aniss Hmaïd était âgé de 15 ans. Au New York Times, il affirme que Christophe Girard a « abusé sexuellement de lui quand il avait 16 ans et l’a contraint à des rapports sexuels une vingtaine de fois au cours des années suivantes ».
La brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris est chargée de « déterminer avec exactitude si les faits dénoncés sont susceptibles de caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise », a précisé le parquet de Paris dans un communiqué. (...)
L’avocate de Christophe Girard a par ailleurs annoncé que son client engagera des poursuites judiciaires en dénonciation calomnieuse contre Aniss Hmaïd. (...)
Pendant près de 48 heures, l’exécutif parisien n’a pas réagi. Avant l’ouverture de l’enquête judiciaire, la mairie de Paris considérait ces révélations comme relevant de « la vie privée » de l’intéressé. Dans un message interne à l’exécutif parisien, que Mediapart a pu consulter, le premier adjoint au maire, Emmanuel Grégoire, évoquait la sortie d’un « article du NYT sur une affaire privée concernant Christophe » et invitait ses collègues à ne pas faire de commentaire « ni en médias ni en réseaux sociaux ». « Nous suivons la situation et referons un point prochainement », concluait-il. Contacté par Mediapart, le premier adjoint s’est refusé à tout commentaire.
Mais suite à l’annonce du parquet, la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est finalement exprimée sur Twitter. Elle s’est dit satisfaite de l’ouverture de cette enquête préliminaire, cela « permettra à la victime de s’exprimer, de participer à la manifestation de la vérité compte tenu de la gravité des faits reprochés à Christophe Girard », écrit-elle. Le président du groupe Paris en commun, Rémi Féraud, a lui précisé que « dans l’attente des conclusions », il demandait à « Christophe Girard de se mettre en retrait du groupe Paris en commun au conseil de Paris ».
Ces révélations viennent s’ajouter aux affaires qui ont conduit à la démission de Christophe Girard. (...)
Depuis la publication, cet hiver par le New York Times, puis par Mediapart, de deux enquêtes sur l’affaire Matzneff, Christophe Girard a été mis en cause pour avoir contribué au système de complaisance dont l’écrivain français a bénéficié pendant des décennies. Il a été entendu comme témoin par la police en mars, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui à ce jour. (...)
L’enquête du New York Times ouvre un nouveau chapitre. (...)
Pour Alice Coffin, cette séquence « réactive ce qu’il s’est passé en 2011 autour de l’affaire DSK. C’est frappant. Cela veut dire qu’en dix ans ils n’ont fait aucun travail, aucune remise en question ». Revenant sur les événements qui ont conduit à la démission de Christophe Girard, l’élue déplore, par ailleurs, qu’il n’y ait pas « eu d’écoute, mais une volonté d’étouffement, d’écrasement. La violence que ça a déclenchée est très éloquente, y compris celle d’Anne Hidalgo. Ça aurait pourtant pu ouvrir une base de réflexion ». (...)
Depuis cette affaire, les deux élues écologistes ont été placées sous protection policière en raison du harcèlement sexiste et lesbophobe qu’elles subissent sur les réseaux sociaux.
La présidente du groupe écologiste au Conseil de Paris, Fatoumata Koné, réclame que Christophe Girard soit suspendu de la majorité. En effet, s’il a bien démissionné de son poste d’adjoint à la culture, Christophe Girard reste élu du XVIIIe arrondissement et continue à siéger à la commission culture du Conseil de Paris.