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Affaire Legay : informer n’est (toujours) pas un délit
Article mis en ligne le 3 juin 2020

En France, en 2020, un policier a été suspendu de ses fonctions par le ministère de l’intérieur parce que suspecté d’être une source de Mediapart – évidemment nous n’en dirons rien – dans l’affaire Geneviève Legay. Il s’agit d’une atteinte pure et simple à la liberté d’informer.

Dans ce dossier de violences policières, qui porte le nom d’une militante d’Attac de 73 ans gravement blessée en mars 2019 lors d’une manifestation à Nice, les informations publiées par Mediapart sous la plume de Pascale Pascariello avaient pourtant permis de prouver le mensonge du procureur de la République de la ville et du président de la République en personne, qui, l’un comme l’autre, s’étaient empressés de dédouaner la police contre la vérité des faits.

Les informations de Mediapart étaient à ce point justes que le procureur en question, Jean-Michel Prêtre, a dû se dédire avant d’être muté d’office par sa hiérarchie à la suite d’une enquête interne menée par les services judiciaires de la chancellerie. (...)

Que s’est-il passé depuis ?

Sur le fond du dossier de violences policières, dont les investigations ont été dépaysées à Lyon après une tentative d’étouffement à Nice, rien. (...)

En revanche, parallèlement, une enquête pour identifier les sources de Mediapart a été ouverte par le parquet de Nice et confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Celle-ci, particulièrement diligente quand il s’agit d’identifier les sources (réelles ou supposées) d’un organe de presse, a entendu, ce 26 mai, comme suspecte de « recel de violation du secret professionnel » notre reporter Pascale Pascariello.

Entendu le lendemain par l’Assemblée nationale, l’ex-procureur de Nice Jean-Michel Prêtre s’est même dit « rassuré » que des investigations aient cours sur les sources de Mediapart, sans que cela ne semble susciter l’indignation de grand monde. (...)

Et ce vendredi 29 mai, une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP) nous apprend que la supposée source de notre journal, un policier de la de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) des Alpes-Maritimes, a été sanctionnée.
La justice (qui a ouvert une enquête), la police (qui mène les investigations), le ministère de l’intérieur (qui sanctionne) et tous ceux qui, dans le monde politique et au-delà, se taisent semblent l’avoir oublié, mais la liberté de la presse est un pilier de la démocratie dont le présupposé, pour ne pas être qu’une incantation, est la protection des sources des journalistes. (...)

L’enquête de police et judiciaire dont Mediapart est la cible dans l’affaire Legay s’inscrit dans une série d’entraves au travail de la presse particulièrement inquiétante.