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Affaire Pegasus : l’enquête judiciaire confirme les preuves techniques de l’espionnage
Article mis en ligne le 30 juillet 2021

Lénaïg Bredoux et Edwy Plenel, les deux journalistes de Mediapart dont l’enquête de Forbidden Stories a révélé l’infection de leur téléphone portable par le logiciel espion Pegasus (lire notre article), ont été longuement entendus, jeudi 29 juillet, par la police judiciaire. Cette audition a eu lieu dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte, le 20 juillet, par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, au lendemain du dépôt notre plainte contre X dès que fut rendu public l’espionnage dont nous avons été victime (lire l’article de Camille Polloni).

Ces auditions ont eu lieu au siège parisien de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), autorité rattachée au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. Elles ont été menées par des policiers de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) qui dépend de la sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité au sein de la direction centrale de la police judiciaire. Elles se sont faites en présence de nos avocats du cabinet Seattle, Mes Emmanuel Tordjman et François de Cambiaire.

Comme ils l’avaient fait quand Forbidden Stories les a contactés fin avril parce que leurs deux numéros figuraient dans la liste des 50 000 téléphones ciblés par des États avec le logiciel vendu par la société israélienne NSO Group, Lénaïg Bredoux et Edwy Plenel ont accepté que leurs deux appareils soient soumis à des expertises techniques pendant leurs auditions.

Réalisée selon un protocole garantissant la non-conservation des données personnelles et limité à l’exploitation des données techniques, cette expertise effectuée par des informaticiens de l’ANSSI a été positive : dans les deux cas, elle arrive aux mêmes conclusions que celles du Security Lab d’Amnesty International sur la réalité de l’infection par Pegasus, sur ses modalités, ses dates et sa durée. (...)

Lire aussi :

« Projet Pegasus » : les analyses des autorités françaises confirment l’infection des téléphones personnels de plusieurs journalistes

Des analyses techniques conduites par les autorités françaises ont confirmé la présence de traces du logiciel espion de NSO Group dans le téléphone d’un journaliste de France 24. (...)

Une phase de repérage

Les données présentes sur le téléphone analysé ont permis de déterminer que l’appareil avait fait l’objet d’au moins une phase de repérage préalable à une attaque. On y retrouve en effet les mêmes adresses de courrier électronique que celles rattachées aux comptes Apple qu’utilise l’infrastructure d’attaque du client marocain de NSO Group.

Ces identifiants, propres à un seul client du logiciel espion, ont aussi été retrouvés chez les autres cibles marocaines de Pegasus, tels Omar Radi, un journaliste marocain actuellement incarcéré, Claude Mangin, l’épouse d’un militant du Sahara occidental lui aussi emprisonné au Maroc, mais aussi François de Rugy, un des ministres potentiellement ciblés par Pegasus.

Ces traces montrent que le logiciel espion s’est intéressé au téléphone de ce journaliste à trois reprises : en mai 2019, en septembre 2020 et en janvier 2021. C’est la première fois que des autorités officielles viennent confirmer de manière indépendante les preuves techniques avancées par Amnesty International dans le cadre du « Projet Pegasus », au même titre que les informations du consortium de journalistes. (...)

Jeudi, ce sont les téléphones d’Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, et de Lenaïg Bredoux, l’une des journalistes du site d’information, qui à leur tour ont été soumis à une analyse poussée par les services de l’Etat, dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte lundi à la suite de la plainte qu’ils ont déposée. Les analystes de l’Etat ont corroboré les constatations réalisées précédemment par le Security Lab d’Amnesty International. Les téléphones des deux journalistes ont bien été compromis par le logiciel espion.