
Des investigations menées par les services spécialisés de l’État, après les révélations du consortium Forbidden Stories, ont permis de détecter la « présence de marqueurs suspects » dans les téléphones des ministres Jean-Michel Blanquer, Jacqueline Gourault, Julien Denormandie, Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu.
(...) L’analyse de leurs appareils, réalisée fin juillet dans la foulée des révélations du consortium Forbidden Stories, a en effet révélé la « présence de marqueurs suspects », tel que cela ressort d’un état des lieux des investigations menées par les services spécialisés de l’État, parallèlement à une enquête pénale en cours au parquet de Paris.
Ces éléments ont été consignés dans le courant du mois d’août dans un document confidentiel.
Selon nos informations, le téléphone d’au moins une personne de la cellule diplomatique de l’Élysée est également concerné par la présence de marqueurs d’infection numérique. (...)
La durée exacte de l’espionnage subi par chaque ministre n’a pas été donnée à Mediapart, mais des traces d’infection ont été repérées, selon les cas, en 2019 et, plus rarement, en 2020.
Interrogés directement ou par le biais de leur cabinet, les ministres en question n’ont pas donné suite ou ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas s’exprimer publiquement sur le sujet au regard de sa sensibilité, certains nous renvoyant vers le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), placé sous l’autorité de Matignon, qui, de son côté, n’a souhaité faire aucun commentaire.
Également contacté, l’Élysée a indiqué ne pas faire « de commentaire sur des inspections en cours et qui nécessitent un travail long et complexe ».
Figurant parmi la liste des membres du gouvernement français ciblés par le logiciel Pegasus, la ministre Jacqueline Gourault a depuis changé d’appareil et de numéro de téléphone, a en revanche appris Mediapart. (...)
Les propriétés du logiciel Pegasus, telles que décrites par l’enquête de Forbidden Stories et ses partenaires, sont redoutables. Le logiciel peut prendre seul le contrôle d’un appareil et, théoriquement, avoir accès à l’intégralité du contenu d’un téléphone en temps réel. Il peut même permettre d’activer à distance – et de manière totalement invisible – le microphone et la caméra de l’appareil infecté.
Les principales cibles des États clients de NSO sont des opposants politiques, des militants associatifs et des journalistes du monde entier, parmi lesquels Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux, de Mediapart, mais aussi des responsables politiques, au premier rang desquels se trouve le président français Emmanuel Macron.
D’après les conclusions techniques de l’enquête de Forbidden Stories et du Security Lab d’Amnesty International, les victimes françaises de Pegasus ont été ciblées par le royaume du Maroc, client de NSO comme de nombreux autres pays (Inde, Mexique, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Rwanda, Arabie saoudite, Hongrie, etc.). Le gouvernement marocain a toutefois contesté de telles accusations après les révélations de Forbidden Stories, déposant une salve de plaintes en diffamation.
Sur le fond, une enquête préliminaire du parquet de Paris est actuellement en cours afin d’établir judiciairement ce qui a été journalistiquement révélé.
Comme Mediapart l’a déjà rapporté, des expertises techniques menées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), autorité rattachée au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, et l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), qui dépend de la police judiciaire, ont d’ores et déjà permis de confirmer la réalité de l’infection par Pegasus des téléphones des journalistes de Mediapart.
L’enquête judiciaire a d’ores et déjà permis de confirmer l’infection des téléphones de plusieurs journalistes français.
(...)
La durée exacte de l’espionnage subi par chaque ministre n’a pas été donnée à Mediapart, mais des traces d’infection ont été repérées, selon les cas, en 2019 et, plus rarement, en 2020.
Interrogés directement ou par le biais de leur cabinet, les ministres en question n’ont pas donné suite ou ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas s’exprimer publiquement sur le sujet au regard de sa sensibilité, certains nous renvoyant vers le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), placé sous l’autorité de Matignon, qui, de son côté, n’a souhaité faire aucun commentaire.
Également contacté, l’Élysée a indiqué ne pas faire « de commentaire sur des inspections en cours et qui nécessitent un travail long et complexe ».
Figurant parmi la liste des membres du gouvernement français ciblés par le logiciel Pegasus, la ministre Jacqueline Gourault a depuis changé d’appareil et de numéro de téléphone, a en revanche appris Mediapart. (...)
Les propriétés du logiciel Pegasus, telles que décrites par l’enquête de Forbidden Stories et ses partenaires, sont redoutables. Le logiciel peut prendre seul le contrôle d’un appareil et, théoriquement, avoir accès à l’intégralité du contenu d’un téléphone en temps réel. Il peut même permettre d’activer à distance – et de manière totalement invisible – le microphone et la caméra de l’appareil infecté.
Les principales cibles des États clients de NSO sont des opposants politiques, des militants associatifs et des journalistes du monde entier, parmi lesquels Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux, de Mediapart, mais aussi des responsables politiques, au premier rang desquels se trouve le président français Emmanuel Macron.
D’après les conclusions techniques de l’enquête de Forbidden Stories et du Security Lab d’Amnesty International, les victimes françaises de Pegasus ont été ciblées par le royaume du Maroc, client de NSO comme de nombreux autres pays (Inde, Mexique, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Rwanda, Arabie saoudite, Hongrie, etc.). Le gouvernement marocain a toutefois contesté de telles accusations après les révélations de Forbidden Stories, déposant une salve de plaintes en diffamation.
Sur le fond, une enquête préliminaire du parquet de Paris est actuellement en cours afin d’établir judiciairement ce qui a été journalistiquement révélé.
Comme Mediapart l’a déjà rapporté, des expertises techniques menées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), autorité rattachée au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, et l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), qui dépend de la police judiciaire, ont d’ores et déjà permis de confirmer la réalité de l’infection par Pegasus des téléphones des journalistes de Mediapart.
L’enquête judiciaire a d’ores et déjà permis de confirmer l’infection des téléphones de plusieurs journalistes français. (...)
Sollicité, le parquet de Paris n’a pas souhaité faire de commentaire sur l’état d’avancement du dossier et son éventuelle connaissance de l’infection des téléphones des cinq ministres, se retranchant derrière « le secret de l’enquête dans ce dossier afin de protéger les investigations en cours ». (...)
Des proches du chef de l’État précisaient néanmoins que ce dernier avait changé d’appareil et de numéro de téléphone « pour certains de ses échanges ».
En tout état de cause, le cas du président de la République fait l’objet d’une procédure ad hoc au sein de l’État et, fin juillet, Laurent Nuñez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, expliquait que son dossier avait vocation à rester confidentiel au nom du secret-défense. Depuis lors, plus rien n’a, de fait, fuité. Tant sur les analyses en cours que sur les échanges diplomatiques entre Paris et les États clients du logiciel de la société israélienne NSO Group, laquelle est notoirement liée à l’appareil militaire d’Israël.
La ministre des armées Florence Parly avait rencontré, fin juillet, à Paris, son homologue israélien Benny Gantz au sujet du scandale Pegasus, mais leurs échanges sont restés, eux aussi, confidentiels. (...)