
Un journaliste du Parisien dans les Hauts-de-Seine a été rémunéré, en 2013, par une société de traitement des déchets pour des prestations de conseil. Son RIB et sa facture ont été transmis à l’entreprise par le député Thierry Solère (aujourd’hui conseiller de Macron), dont le journaliste chroniquait la vie politique locale.
L’enquête judiciaire qui vaut plusieurs mises en examen au député des Hauts-de-Seine Thierry Solère, actuellement conseiller d’Emmanuel Macron à l’Élysée, a fait ressurgir les relations équivoques entre l’élu et un responsable de l’édition départementale du quotidien Le Parisien.
En avril 2013, le journaliste Roberto Cristofoli a décroché, grâce à M. Solère, un contrat de conseil avec une société de traitement de déchets, Chimirec, laquelle entreprise employait aussi le député. Dans le même temps, M. Cristofoli a continué à chroniquer dans les colonnes de son journal l’actualité politique des Hauts-de-Seine, à commencer par celle de Thierry Solère, alors engagé dans un bras de fer avec son ancien de camarade de parti, l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant. (...)
Les conseils dispensés par le journaliste auprès de la société de traitement de déchets n’ont pas donné lieu à des travaux écrits. Ils étaient « oraux », selon les explications de ce dernier à Mediapart. Roberto Cristofoli a été rémunéré 3 000 euros sur un mois, après que son RIB et une facture pour du conseil stratégique eurent été transmis au PDG de Chimirec par l’intermédiaire de M. Solère.
« Chimirec cherchait quelqu’un pour une prestation, j’ai pensé à Roberto Cristofoli que j’ai connu au Parisien », explique M. Solère, en précisant que son rôle s’est limité à leur mise en relation, « comme je l’ai déjà fait pour d’autres journalistes pour du “media training” par exemple ».
« Il s’agissait d’une mission extrêmement ponctuelle, tout cela est transparent », explique pour sa part M. Cristofoli. Le journaliste ne voit aucun problème déontologique derrière cette opération : « Des “ménages”, 80 % des journalistes que je connais en font, assure-t-il. Je n’étais pas à la solde de quelqu’un pour qui j’ai travaillé. »
Le directeur des rédactions du Parisien de l’époque, Thierry Borsa, indique pour sa part ne pas avoir été informé du contrat de conseil de son journaliste, alors que les « collaborations doivent faire l’objet, a minima, d’une information à la direction ». « Il est entendu que vous devrez tout votre temps au journal, et qu’en aucun cas, vous n’accepterez de collaboration extérieure sans un consentement écrit », dispose d’ailleurs le contrat de travail d’un journaliste du Parisien que nous avons consulté. (...)
L’élu des Hauts-de-Seine, par ailleurs mis en examen pour « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de confiance » dans le volet de l’enquête qui porte sur ses relations avec Chimirec, estime pour sa part qu’« il n’y a pas de sujet » le concernant : « Je suis député, je n’avais aucun intérêt en local », affirme-t-il, en éludant un peu vite l’enjeu que représente le fait de conserver une bonne implantation sur ses terres électorales. (...)