
Selon un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, le pays connaît « la plus grande crise humanitaire du monde ». Elle s’est aggravée au fur et à mesure que l’année 2023 avançait, le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire passant de 28,3 millions au début de l’année à 28,8 millions à la fin du mois de mai. Soit plus de la moitié de la population totale du pays (41 millions d’habitants).
(...) Le 5 juin, l’OCHA a annoncé que le budget du plan d’intervention humanitaire pour l’Afghanistan en 2023 avait été révisé, passant de 4,6 milliards de dollars à 3,2 milliards de dollars. La mise à jour humanitaire de mai de l’OCHA attribue cette réduction à plusieurs facteurs, notamment le sous-financement, la capacité de ses partenaires humanitaires, l’évolution de l’environnement opérationnel, les dernières projections en matière d’insécurité alimentaire et l’accent mis sur les groupes les plus vulnérables du pays.
Les politiques et les pratiques des Talibans, notamment l’interdiction faite au personnel féminin de travailler pour les ONG et le décret interdisant aux femmes afghanes de travailler pour les Nations-Unies, ont eu un impact particulièrement négatif sur la réponse humanitaire en Afghanistan. Le dernier rapport du Secrétaire général sur la MANUA, qui a été remis aux membres du Conseil le 19 juin, indique qu’il est de plus en plus difficile d’accéder aux femmes dans le besoin, et que les composantes essentielles de la promotion de l’hygiène, de la communication sur les risques et des activités axées sur l’engagement communautaire sont particulièrement touchées. Le rapport note également que la communauté humanitaire a continué à « négocier pour étendre les autorisations ». À cet égard, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a annoncé le 5 juin qu’il avait repris ses opérations dans certaines parties du pays après que les Talibans ont accepté de permettre à son personnel féminin de retourner au travail. Dans un tweet du 5 juin, le Secrétaire général du NRC, Jan Egeland, a déclaré que le NRC « a pu reprendre la plupart de ses opérations humanitaires à Kandahar ainsi que dans un certain nombre d’autres régions d’Afghanistan » et que le travail du NRC implique « une participation égale de nos collègues humanitaires féminins et masculins ».
D’autres pratiques et politiques des Talibans ont également eu un impact négatif sur la fourniture de l’aide humanitaire. (...)
les incidents d’interférence avec les activités humanitaires, y compris le détournement de l’aide et l’interférence avec la sélection des bénéficiaires et le recrutement du personnel, ont triplé par rapport à la même période de l’année dernière. Des rapports ont également été publiés qui suggèrent que les Talibans pourraient continuer à étendre leurs politiques de perturbation des activités humanitaires. Dans une déclaration du 8 juin, Samantha Mort, porte-parole de l’UNICEF, a déclaré que « l’UNICEF est profondément préoccupée par les informations selon lesquelles plus de 500 000 enfants, dont plus de 300 000 filles, pourraient être privés d’un apprentissage de qualité grâce à l’éducation communautaire en l’espace d’un mois si les organisations non gouvernementales internationales travaillant dans le domaine de l’éducation n’étaient plus autorisées à opérer ». (...)
Le dernier rapport de l’équipe de surveillance soutenant le Comité des sanctions contre l’Afghanistan de 1988, publié le 1er juin, conclut que les liens entre les Talibans et Al-Qaeda et le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) restent « forts et symbiotiques » et que « toute une série de groupes terroristes jouissent d’une plus grande liberté de mouvement sous le régime des Talibans ». Le rapport note également qu’Al-Qaida semble reconstituer ses capacités opérationnelles, que le TTP lance des attaques au Pakistan avec le soutien des Talibans et que ces derniers n’ont pas tenu les promesses de lutte contre le terrorisme faites dans l’accord de Doha.
Des attentats terroristes ont également continué à être perpétrés dans tout l’Afghanistan. (...)
Le dernier rapport du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, rédigé conjointement avec le groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, et publié le 15 juin, constate que les Talibans sont responsables « des formes les plus extrêmes de discrimination fondée sur le sexe, et de censure généralisée par le biais de restrictions visant les femmes et les filles, de l’abolition des protections juridiques et des mécanismes de responsabilisation en cas de violence fondée sur le sexe, ainsi que du déni permanent des droits ». De manière plus générale, le rapport du Secrétaire général fait référence à une série de violations des droits de l’homme perpétrées par les Talibans, notamment les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, la torture, le recours aux châtiments corporels et les restrictions à la liberté d’expression. (...)