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Mediapart
Coût de la vie étudiante : « Tous les signaux sont au rouge », alerte l’Unef
#etudiants #precarite
Article mis en ligne le 19 août 2025
dernière modification le 16 août 2025

Cette année encore, les étudiants ont subi une augmentation de leurs dépenses, notamment des loyers ou des frais d’inscription. Le tout sans augmentation des bourses, contrairement aux promesses du gouvernement, dénonce l’Unef dans une étude publiée le 14 août.

C’est une tradition. Comme tous les ans, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) a chiffré le coût de la vie pour l’année universitaire 2024-2025. Et, sans surprise, l’organisation note une augmentation de 4,12 %, avec un total de 1 226 euros de charges par mois. Une augmentation qui s’explique par une hausse des loyers, du coût des transports, mais également des frais obligatoires pour s’inscrire à l’université. « Tous les signaux sont au rouge », alerte l’organisation étudiante.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le coût de la vie pour les étudiant·es a augmenté de 31,88 %, a calculé l’Unef. La hausse de cette année est imputable à l’évolution du prix des loyers dans les résidences universitaires. Après des années de gel, ils ont augmenté de 3,26 % pour atteindre une moyenne de 421,97 euros. (...)

Par ailleurs, Emmanuel Macron avait promis de bâtir 60 000 logements étudiants. Seul 10 % de l’objectif a été rempli, indique encore le syndicat étudiant.

Les étudiant·es sont donc contraint·es de se rabattre sur le parc privé. Ils n’y sont pas mieux lotis puisqu’ils ont dû supporter une hausse de loyer de 2,75 % pour atteindre un coût moyen de 609 euros mensuels, 857 euros en Île-de-France. L’alimentation reste aussi un poste de dépense important. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 1,4 %. « Malgré un apaisement de l’inflation, le portefeuille s’alourdit de plusieurs dizaines d’euros à l’année », écrit l’Unef.

Le syndicat dénonce le fait que les étudiant·es soient contraints de réduire leurs dépenses, de se nourrir avec des produits de qualité moindre au coût le plus restreint possible. Les restaurants universitaires gérés par les Crous, où les boursiers peuvent prendre des repas à 1 euro, ferment au profit de cafétérias, où les prix des formules sont plus élevés et en hausse. « Cette situation révèle l’abandon progressif par l’État de sa responsabilité dans la prise en charge des conditions de vie étudiante », pointe l’Unef.

Les autres frais, notamment médicaux, ont aussi augmenté. La précarité menstruelle concerne un plus grand nombre d’étudiantes. En 2025, le surcoût annuel lié à l’achat de protections périodiques, notamment, s’élève à 294,31 euros par an.

Autre augmentation, celle de la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) créée en 2018 et collectée par les Crous, qui permet de financer des projets et activités liés à la vie étudiante et d’améliorer les conditions de vie des étudiants au quotidien. Lors de sa mise en place, elle s’élevait à 90 euros. Elle coûte aujourd’hui 105 euros, soit une augmentation de 16,6 %.
Les inégalités se creusent

Des étudiant·es sont particulièrement sensibles aux difficultés : celles et ceux venus de pays étrangers, particulièrement hors Union européenne (UE). Elles et ils ne peuvent percevoir de bourses et doivent s’acquitter de frais d’inscription multipliés par seize depuis la mise en place du plan « Bienvenue en France ». Une majorité d’entre eux doivent travailler en parallèle de leurs études, ce qui obère leurs chances de réussite. Il s’agit de la première cause d’échec pour les étudiant·es.

Les étudiant·es des outre-mer ne sont pas en reste. Le coût de la vie y est plus élevé et la cherté des produits alimentaires avérée. Les dispositifs d’aides ignorent cette situation (...)

En outre, de plus en plus d’étudiant·es, poussé·es par les mesures de sélection à l’œuvre dans certaines filières universitaires s’inscrivent dans des formations privées, beaucoup plus onéreuses que le public.

L’année blanche annoncée par François Bayrou, avec un gel des prestations sociales, dont les aides pour le logement, ne risque pas d’arranger les choses et inquiète l’Unef, qui considère qu’elle va toucher de plein fouet les étudiant·es précaires. (...)

La réforme des bourses jamais réalisée

L’étude de l’Unef a le mérite de mettre en lumière les manquements du gouvernement qui ne s’intéresse guère à la précarité des étudiant·es. Pire, il ne fait même plus mine de vouloir y remédier depuis l’occasion manquée de la réforme des bourses, promise année après année depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. En 2023, le gouvernement a fait un premier geste en revalorisant l’aide financière aux étudiant·es boursiers, avec 500 millions d’euros débloqués.

Une refonte structurelle du système de bourse, jugé inadapté, devait être engagée dans la foulée, pour la rentrée 2024. Mais la dissolution de l’Assemblée quelques semaines avant et l’instabilité politique qui a suivi ont tué dans l’œuf toute velléité à ce sujet. (...)

Sans illusions, l’organisation réclame toutefois la mise en œuvre d’une allocation d’autonomie à hauteur du seuil de pauvreté, soit 1 288 euros « pour sortir structurellement les étudiants de la précarité ». Mais avant cela, explique Salomé Hocquard, d’autres mesures sont possibles et moins complexes à mettre en œuvre. Ce serait le cas la généralisation des repas à 1 euro ou la construction de logements gérés par le Crous, eux aussi promis de longue date.