
Avec le projet d’un tribunal des médias et une loi de protection de l’information, le gouvernement sud-africain cherche à accroître son contrôle sur les médias.
Les médias sud-africains, en particulier ceux de la presse écrite, se sentent aujourd’hui dans le collimateur de Pretoria. Directement visés par le Parlement qui débat d’une loi sur la protection de l’information, ils sont aussi la cible de l’African National Congress (ANC), le parti au pouvoir, qui propose ni plus ni moins que la mise en place d’un tribunal spécial pour les juger.
Avancé une première fois en 2007 puis abandonné face à la pression médiatique, ce projet de tribunal a été remis sur la table en juillet 2010. Par la menace d’amendes et de peines d’emprisonnement pour les journalistes, l’ANC affirme vouloir pallier aux dysfonctionnements du système actuel qui mise sur la médiation. (...)
Mais l’argument ne convainc pas. En effet, cette initiative semble avant tout répondre à la volonté du pouvoir de mieux contrôler des médias qui dénoncent largement la corruption des élites politiques(...)
Si un tel tribunal voyait le jour, il devrait rendre des comptes au Parlement. Raison de plus pour inquiéter les journalistes alors que de nombreux parlementaires, éclaboussés par des affaires dévoilées dans la presse, ont intérêt à museler les médias.(...)
Pour l’association nationale sud-africaine des rédacteurs en chef (Sanef), la mise en place de ce projet n’est ni tolérable, ni négociable :
« Un tribunal des médias serait inconstitutionnel et irait à l’encontre de la liberté de la presse ». (...)