
quelque 1 500 classes doivent fermer dès la prochaine rentrée dans le primaire, et probablement autant dans le secondaire.
Dans cette débâcle annoncée, que deviennent les enfants et adolescents handicapés, les élèves en difficulté et les jeunes patients en souffrance ? Ils avaient pourtant été « promus » grande cause nationale il y a peu.
Souvenez-vous : en 2002 et 2005, des lois avaient, entre autres, érigé en doctrine officielle l’intégration – on dit maintenant « inclusion » – scolaire pour tous. Elles promettaient :
– des maisons de la personne handicapée dans chaque département, chargée notamment de promouvoir l’aide individualisée au sein de l’école en s’appuyant sur des auxiliaires de vie scolaire (AVS) formés à ce soutien ;
– la mise en place de temps scolaires aménagés ;
– l’articulation indispensable entre le monde du soin et celui de l’enseignement.
(...)
La pertinence et l’efficacité réelles de ce dispositif original font qu’il a inspiré de nombreuses vocations et qu’actuellement notre pays dispose d’un réseau de plus de 400 CMPP, s’occupant de quelque 200 000 enfants.
Malheureusement, la plupart d’entre eux voient désormais leur action mise à mal par la politique de retrait de postes, initiée depuis trois ans. On chiffre ainsi à 200 le nombre de postes « disparus » sur cette période.(...)
Ajoutons à cela :
– le démantèlement, au sein de l’école même, de tout ce qui faisait interface avec les institutions de soins : réseaux d’aide aux enfants en difficulté, psychologues scolaires, conseillers d’orientation psychologues… ;
– le retrait, partout où la pédagogie côtoyait et « abondait » le soin, de bien des moyens humains : hôpitaux de jour pour enfants et adolescents, maisons des adolescents, structures soin/études…(...)
A ponctionner ainsi inconsidérément une articulation essentielle, on risque de la gripper définitivement :
les enseignants débordés auront le plus grand mal à intégrer ces jeunes, faute d’appui et de relais extérieurs pertinents ;
les équipes soignantes s’useront à chercher des solutions de scolarisation adaptée ;
les familles désespéreront à nouveau ;
leurs enfants subiront une véritable « double peine ».
Comme les autres, ils devront se contenter d’une école aux moyens rabotés qui s’avérera encore plus inadaptée pour eux, tandis que, par ailleurs, les moyens de soins à leur disposition auront également été mis à mal.
Comme souvent, les plus fragiles paieront plus.