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Alep, ou l’inhumanité d’un monde immonde
par Daniel Salvatore Schiffer jeudi 15 décembre 2016
Article mis en ligne le 15 décembre 2016

Nul, quel que soit son camp ou son parti, sa culture ou sa religion, ne peut certes, à moins de sombrer dans le plus vil des révisionnismes, le nier : Alep, cité martyre de la Syrie, vit aujourd’hui, ployant chaque jour un peu plus sous les bombes d’une guerre sans merci, l’une des pires tragédies que l’(in)humanité ait connue au cours de sa terrible histoire, déjà sanglante en soi !

LA MACABRE LITANIE DES GENOCIDES DU XXe SIECLE

Ainsi le monde civilisé a-t-il parfaitement raison de s’indigner, de pleurer ou de se révolter, face à cet indicible drame auquel nous assistons quotidiennement, devant nos regards à la fois impuissants et atterrés, sur nos écrans de télévision. L’effroyable brutalité de ce conflit est telle que même les mots, pour la dénoncer, se révèlent insuffisants, comme coincés, littéralement étouffés, au fond de nos gorges nouées. Que dire ? Que faire face à pareilles atrocités ? L’humanité n’a-t-elle donc rien appris de ses génocides passés, que ce soit ceux qui se sont naguère perpétrés, pour ne parler que du seul mais horrible vingtième siècle, dans l’enfer de la Shoah, dans l’Allemagne d’Hitler ou dans la Kolyma de Staline, au Cambodge de Pol Pot ou dans la Chine de Mao, au Vietnam ou au Rwanda, à Guernica ou à Srebrenica, à Sarajevo ou à Grozny, à Hiroshima ou à Nagasaki, où les Américains, pour ces deux seules villes, se rendirent coupables, pour venger Pearl Harbour, de l’un des pires massacres, avec leurs bombes atomiques, de l’Histoire ? (...)

Non, nos démocraties prétendument modernes n’ont décidément rien retenu des abominables leçons du passé ! Comment, du reste, pourraient-elles le faire véritablement, en toute conscience, sans hypocrisie ni fausseté, lorsque l’on sait que la dernière guerre du vingtième siècle en Europe - celle du Kosovo - se caractérisa, en 1999, pendant près de trois mois (de mars à juin), par le bombardement délibéré de l’OTAN, sans mandat officiel de l’ONU de surcroît, à l’encontre des infrastructures civiles, et non seulement militaires, de ce qu’on appelait encore, en ce temps-là, l’ex-Yougoslavie (comprenant alors, après son démantèlement, la Serbie et le Monténégro).

Témoin oculaire, et souvent direct, de ces funestes événements, ainsi que je les ai longuement relatés en un de mes livres, « Le Testament du Kosovo - Journal de guerre » (Éditions du Rocher), je me souviens : l’armada la plus puissante du monde, composée de dix-neuf des pays occidentaux les plus riches de la planète, États-Unis et Union Européenne en tête, détruisit alors sans relâche, afin d’entraîner la Serbie de Milosevic à la capitulation face aux indépendantistes de l’Armée de Libération du Kosovo (UCK), maisons, buildings, ponts, chaussées, autoroutes, gares, aéroports, hôtels, restaurants, cafés, écoles, bureaux, relais de poste, radios, télévisions, banques, magasins, hôpitaux, maternités, administrations, ministères, sites industriels, centrales thermo-électriques, citernes de gaz, oléoducs, raffineries, pompes à essence... Bref : tout ! Avec, au terme de cette macabre besogne, de ce sordide compte, des milliers de morts innocentes (...)

Pis : comment oser encore faire la morale, prétendre donner des leçons d’humanisme, de générosité et de solidarité, à la Russie de Poutine ou à Bachar el-Assad lui-même, aux prises avec les plus infâmes djihadistes de l’État Islamique en cette région du globe, lorsque l’on sait que l’actuel Secrétiare d’Etat à l’Asile et à l’Immigration, Théo Francken, de la Belgique, l’un des six membres fondateurs de l’Union Européenne, abritant en outre sa capitale, Bruxelles, refuse obstinément, au mépris de ses propres lois nationales mais néanmoins soutenu par son gouvernement ultra-libéral, vaguement fascisant, un simple visa humanitaire à une famille syrienne, pourtant originaire, précisément, d’Alep et désireuse, ainsi, de se réfugier, sans même demander une quelconque somme d’argent, en un pays en paix ? Scandaleux ! Ignoble ! Monstrueux !

Quel monde immonde, décidément, que le nôtre : Alep, ou le lamentable, honteux naufrage de l’humanité et, avec elle, de la conscience universelle, à de trop rares exceptions près, hélas !