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le Monde Diplomatique
Alliance au sommet de l’échelle sociale
Article mis en ligne le 29 janvier 2011
dernière modification le 26 janvier 2011

Le salaire des fonctionnaires va fondre de 5 %, en moyenne, en Espagne. De 12 % en Grèce. En Irlande, la baisse atteindra 20 % dans certains secteurs. Le Royaume-Uni attend son tour. Partout, les travailleurs du privé seront également touchés. Sortir de la crise actuelle implique de réduire massivement les revenus, assurent les responsables politiques. Peut-être. Mais pas forcément ceux de la majorité des salariés…

Le néolibéralisme avait pour objectifs le rétablissement et l’accroissement des pouvoirs et des revenus des classes les plus aisées. Jusqu’à la crise actuelle, cette entreprise fut couronnée de succès, tant au plan national qu’international (celui de la mondialisation néolibérale) : les revenus de ces classes ont connu une croissance insolente, un phénomène maintenant largement reconnu et pudiquement appelé « croissance des inégalités ».

Pourtant, réduire son analyse à la hausse des revenus du capital (intérêt, dividendes et plus-values boursières) expose au risque de ne rendre compte que de l’un des aspects du processus et de passer sous silence l’envolée des hauts « salaires » (primes, bonus et stock-options compris), en particulier aux Etats-Unis. Cette croissance contraste avec la stagnation, voire la régression, du pouvoir d’achat de la grande majorité des salariés (...)

Une analyse qui ne concernerait que les salaires des grands patrons et des cadres de la finance demeurerait, elle aussi, restrictive. Dans les faits, le partage du revenu s’est déformé en faveur des fractions supérieures de la pyramide des revenus et non d’un petit nombre d’individus.

La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : l’alliance néolibérale (entre cadres et capitalistes) survivra-t-elle au choc de la crise actuelle ? On se souvient que celle de 1929 avait suscité un compromis entre cadres et classes populaires sous la pression du mouvement ouvrier et la peur de l’Union soviétique. Si, au contraire, l’alliance au sommet se voyait déstabilisée, quelle alternative se dessinerait alors ? (...)

La crise actuelle dessine à nouveau les contours d’un ordre social au sein duquel une nouvelle autonomie managériale pourrait s’affirmer : une reprise en main musclée par une élite organisatrice, en termes de réglementation, de gestion et de politiques. (...)

Un nouvel équilibre des pouvoirs s’établirait entre les classes salariées supérieures et les classes capitalistes, sous la direction des premières. L’Etat s’impliquerait vigoureusement dans l’économie, mais il pourrait alors devenir évident que l’Etat n’est pas nécessairement de gauche. (...)

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