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l’Humanité
Appel au droit à bien manger
Article mis en ligne le 26 février 2017
dernière modification le 25 février 2017

Alors que la fracture alimentaire se creuse, 57 personnalités, cuisiniers, chercheurs, producteurs, paysans et artistes, lancent un appel pour un « droit inaliénable et indépendant de toute notion de revenu » à une alimentation de qualité.

Nous vivons aujourd’hui une véritable fracture alimentaire.

Tandis qu’une frange privilégiée de la population a accès à une éducation du goût et à des produits de qualité, la majorité des citoyens est soumise à un paysage de consommation dicté par la grande distribution. Cette fracture est certes largement liée au niveau des revenus du foyer et aux catégories sociales, mais elle est aussi profondément culturelle. Elle est liée à une certaine idée de la place de l’alimentation dans la vie, à une culture des goûts qui se construit dès l’enfance, à un savoir-faire qui se transmet ou s’apprend, à une cuisine du quotidien rapide, goûteuse, et saine.

Une autre fracture sépare le monde agricole des consommateurs. L’industrialisation massive de l’agriculture française aboutit à ce paradoxe : la plupart des agriculteurs, soumis à la culture intensive, ne nourrissent plus leurs concitoyens. La course à la productivité, à l’export, et aux tarifs les plus bas, a eu pour conséquence l’anéantissement de l’agriculture vivrière de nombreux pays.

Peut-on accepter que nos enfants et petits-enfants ne disposent ni de la qualité, ni de la diversité alimentaire qui sont encore fragilement les nôtres aujourd’hui ?
Peut-on accepter que notre alimentation et ses modes de production soient cancérigènes et sources de maladies quand elle devrait apporter santé et bien-être ? Peut-on accepter de léguer aux générations futures des territoires pollués ? (...)

Agriculture, environnement, santé, économie, culture, éducation : tous les piliers de notre société contemporaine sont concernés par ce péril alimentaire. (...)

Si l’on ne fait rien, la majorité des agriculteurs et éleveurs ne seront bientôt plus que de simples ouvriers à la solde de multinationales « hors sol ». Ce fléau impacte directement nos sphères privées ou publiques, que l’on mange à la maison, à la cantine ou au restaurant.

Par cette tribune, nous revendiquons un droit au bien manger pour tous les citoyens. Ce n’est ni luxe ni une utopie (...)

Cette déclaration se veut aussi un appel aux responsables politiques, candidats à la prochaine élection présidentielle française de mai 2017. Nous leur demandons de s’emparer de cette question, nous leur demandons de prendre la mesure du péril alimentaire qui nous guette, nous leur demandons de répondre autrement à cet enjeu que par des décisions anecdotiques ou purement symboliques. (...)