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Appel urgent des féministes sri-lankaises pour faire face à la crise humanitaire provoquée par l’effondrement économique du Sri Lanka
Article mis en ligne le 10 avril 2022

Le Sri Lanka est confronté à la pire crise économique de son histoire depuis son indépendance. Des pénuries généralisées de nourriture et de carburant paralysent la vie des gens. Cette situation, qui dure déjà depuis plusieurs semaines, donne lieu à d’importantes manifestations qui sont violemment réprimées. Nous craignons une escalade de violence face à la multiplication de protestations pacifiques de citoyens ordinaires contre cette situation injuste. C’est bien d’une crise humanitaire qu’il s’agit, à l’échelle du pays. Ces circonstances dramatiques vont précipiter davantage de personnes dans la pauvreté et à accroître les inégalités, faisant reculer le pays de plusieurs années. Les femmes sont en première ligne face à cette crise – dans les files d’attente pour l’essence, les files d’attente pour les produits alimentaires essentiels et dans les manifestations.

Il y a maintenant une crise politique monumentale, même si la crise économique reste immédiate et primaire pour les gens ordinaires. Pour faire face à pareille situation, il est urgent de mettre en place un système de gouvernance civil et démocratique capable de restaurer la confiance du peuple. En dépit de l’effondrement imminent du gouvernement actuel, les mécanismes de l’État doivent s’acquitter de leurs devoirs fondamentaux en garantissant les droits et le bien-être de la population. Toutes les mesures demandées ci-dessous sont basées sur le principe que le gouvernement doit donner la priorité aux besoins fondamentaux de la population. Nous reconnaissons que les gens ressentent une profonde frustration à l’égard de la classe politique et soulignons l’urgence pour les citoyens du Sri Lanka de disposer de systèmes de gouvernance capables de restaurer leur confiance. Dans ce contexte, il est impératif de lancer d’urgence une opération humanitaire, en se concentrant sur la prévention de la famine et du chaos au niveau national. Le gouvernement, dans toutes ses négociations à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour sortir de cette crise, DOIT répondre à ces besoins en allouant les ressources en conséquence. (...)

Le fardeau d’une économie chancelante retombe invariablement sur les femmes, les risques économiques étant repoussés dans la sphère domestique. Les femmes doivent faire face à la double charge de gagner un revenu et d’effectuer des tâches non rémunérées à la maison. Les femmes luttent pour assurer le bien-être de leurs enfants en raison des obstacles à l’éducation, de la violence domestique et des systèmes inefficaces et injustes de paiement des pensions alimentaires aux mères célibataires. Les frustrations et les craintes liées à l’incertitude, à la faim et au manque de confort de base se traduisent souvent par des violences domestiques dirigées contre les femmes et les enfants. Les services limités existants pour faire face à cette violence sont encore affaiblis par la pandémie et maintenant par la crise économique.

Des choix délibérés faits par les gouvernements successifs du Sri Lanka nous ont placés dans cette calamité. Ce pays dépend très largement du travail des femmes, y compris pour les devises étrangères du pays, à travers les secteurs des plantations, de l’habillement et de la main-d’œuvre migrante. Simultanément, la politique économique du Sri Lanka a eu un impact sur le travail des femmes et sur chaque sphère de la vie des femmes - leurs conditions matérielles, leur mobilité, leurs aspirations et leur statut social. C’est la richesse accumulée par l’exploitation du travail des femmes qui a été dilapidée. Personne n’est tenu responsable de cette perte. Au lieu de cela, une fois de plus, les femmes sont contraintes de faire les frais de la crise économique. (...)

Enfin, nous invitons les groupes de femmes, les syndicats, les collectifs d’agriculteurs et de pêcheurs, les coopératives, les institutions religieuses, les ONG et les mouvements politiques progressistes à se joindre à la solidarité pour une action urgente en réponse à l’urgence humanitaire qui menace de détruire notre avenir collectif pour les générations à venir.