En octobre 2009, Le Monde diplomatique fit appel à ses lecteurs (1). Notre journal venait d’essuyer trois années de pertes financières et, comme beaucoup d’autres, il voyait chaque année sa diffusion se tasser. Autant dire que son existence — ou, ce qui revenait au même, son indépendance — n’était plus assurée.
Huit ans plus tard, cette menace est levée.
Les motifs de satisfaction n’étant pas innombrables en ce moment, il est aussi utile que réconfortant d’analyser celui qui nous concerne directement. D’autant qu’il comporte une dimension plus générale, intellectuelle et politique. Le tirage d’un journal ne démontre assurément pas sa qualité. Mais, chaque fois qu’il exprime un courant d’opinion, une philosophie — pas une « marque », un produit —, son affaiblissement suggère qu’il cesse d’être utile, qu’on n’a plus besoin de lui.
En 2009, nous avions fait le pari que tel n’était pas le cas du Monde diplomatique. Et nous vous avions demandé de nous le confirmer en nous adressant des dons, en vous abonnant, en achetant plus régulièrement le journal. Nous avions souligné alors que l’information gratuite n’existe pas ; que, quand le travail des journalistes est offert, ceux-ci ne dépendent plus de leurs lecteurs, mais des moteurs de recherche et des publicitaires (2). À l’époque, cette démarche et cette analyse étaient singulières.
Notre appel a été entendu. (...)