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Mediapart
Après l’embargo sur le pétrole russe, l’Europe dans le brouillard
#guerreenukraine #embargoEuropeen #petrole
Article mis en ligne le 8 décembre 2022

Annoncée depuis des mois, la guerre du pétrole contre la Russie est une réalité depuis lundi 5 décembre. L’Europe a engagé un embargo, les membres du G7 imposent un plafonnement du prix du baril à 60 dollars pour les pays tiers. Avec quelles conséquences ? Personne ne sait.

(...) Depuis plusieurs semaines, les acteurs du monde pétrolier présentent ce moment comme crucial. Cette addition de mesures susceptibles, selon eux, de modifier en profondeur le marché mondial du pétrole est sans précédent depuis des décennies. Pourtant, passées les annonces, tous sont dans l’expectative. Les plaques tectoniques ont bougé mais la poussière n’est pas retombée. À ce stade, personne n’est capable de dire quelle situation va émerger de ce déplacement des pièces dans un contexte géopolitique déjà très tendu. Le monde avance dans le brouillard. (...)

L’embargo européen plus le plafonnement du prix du pétrole russe vont-ils entraîner le retrait de la Russie, troisième producteur mondial de pétrole, provoquant une raréfaction de l’offre pétrolière sur un marché déjà en tension, et une flambée des cours du baril ? C’est le scénario central d’un certain nombre d’analystes financiers et de traders sur le marché pétrolier.

Mais ils se disent prêts « à prendre des mesures immédiates » « à n’importe quel moment » si nécessaire. Dans un sens ou dans un autre.
Priver Poutine de la rente pétrolière

L’embargo décidé par les Européens et le plafonnement des prix du pétrole russe adopté par le G-7 visent un même objectif : empêcher le gouvernement de Vladimir Poutine d’avoir les financements nécessaires pour poursuivre sa guerre en Ukraine.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine fin février, de multiples sanctions ont été adoptées contre Moscou. Mais même si les volumes des exportations russes d’hydrocarbures ont diminué, l’envolée des prix a permis au Kremlin de largement compenser ces baisses. (...)

La dernière réunion de l’Opep+ le 4 décembre reflète ces incertitudes et ces interrogations. Accusés par le gouvernement américain de faire le jeu de la Russie, les pays producteurs membres du cartel, emmenés par l’Arabie saoudite, se posent au contraire comme les responsables des grands équilibres pétroliers mondiaux. Dans ce contexte imprévisible, ils ont décidé de ne rien changer pour l’instant (...)

Mais ils se disent prêts « à prendre des mesures immédiates » « à n’importe quel moment » si nécessaire. Dans un sens ou dans un autre.
Priver Poutine de la rente pétrolière

L’embargo décidé par les Européens et le plafonnement des prix du pétrole russe adopté par le G-7 visent un même objectif : empêcher le gouvernement de Vladimir Poutine d’avoir les financements nécessaires pour poursuivre sa guerre en Ukraine.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine fin février, de multiples sanctions ont été adoptées contre Moscou. Mais même si les volumes des exportations russes d’hydrocarbures ont diminué, l’envolée des prix a permis au Kremlin de largement compenser ces baisses. (...)

. En raison d’une très forte baisse de ses importations (− 15 %) liée en partie aux sanctions, la Russie affiche un excédent commercial record de 251 milliards de dollars.

Même si les Européens ont diminué drastiquement leurs achats pétroliers depuis le printemps, l’industrie pétrolière russe continue de tourner à plein. (...)

C’est cette équation que les Européens et les Américains veulent changer, en espérant créer le moins de tort possible à leurs économies déjà fragilisées.
Les nouvelles voies de commerce du pétrole

Des embargos pétroliers ont été prononcés contre l’Iran, l’Irak, le Venezuela, la Libye dans le passé, mais jamais l’Occident n’a frappé aussi fort : la Russie est le troisième producteur mondial de pétrole, le deuxième pays exportateur après l’Arabie saoudite. Même si l’Europe a commencé à réduire de plus d’un tiers ses importations de pétrole russe ces derniers mois, selon l’Agence internationale de l’énergie, le continent entre, avec cette interdiction de tout achat de pétrole brut russe à partir du 5 décembre, dans des eaux inconnues.