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Mediapart
Argent libyen : Hortefeux, « frère » de Sarkozy, est mis en examen à son tour
Article mis en ligne le 11 décembre 2020

L’ancien ministre est mis en examen pour « association de malfaiteurs » et « financement illégal de campagne électorale ». Après Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Éric Woerth, il est désormais la quatrième figure politique de premier plan à être mise en cause par les juges d’instruction dans l’affaire des financements libyens.

Il me connaît par cœur, c’est comme un frère […]. Quand je n’étais rien, il n’était rien avec moi. On a toujours été amis […]. À toutes les étapes de ma vie, Brice Hortefeux était là. » Vingt-cinq ans après cette confession de Nicolas Sarkozy au journaliste Michel Denisot pour les besoins d’un livre, l’ancien ministre Brice Hortefeux continue, en effet, de suivre son « frère » dans toutes les étapes de sa vie, y compris dans les épreuves judiciaires.

Lieutenant de toujours de l’ancien président de la République – ils se sont connus à l’adolescence et ne se sont jamais quittés depuis –, Brice Hortefeux, 62 ans, a été mis en examen, mardi 8 décembre, pour « association de malfaiteurs » et « financement illégal de campagne électorale » dans l’affaire des financements libyens, a annoncé son avocat à l’AFP. (...)

Liens étroits avec l’intermédiaire Ziad Takieddine, rencontre secrète en Libye avec un terroriste d’État du régime Kadhafi, implication dans le financement de la campagne de 2007, fréquentations d’un homme de l’ombre au cœur des financements occultes (Thierry Gaubert), intervention en faveur de l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, manipulation d’espèces… : la liste est longue des éléments qui, dans l’enquête judiciaire, convergent aujourd’hui vers Brice Hortefeux, devenu un maillon incontournable du dossier.

Entendu comme suspect par la police en mars 2018, Brice Hortefeux était jusqu’à aujourd’hui placé sous le statut de témoin assisté. Pour cause : à l’été 2019, il a refusé de répondre aux questions des juges tant que leur enquête n’était pas validée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.

C’est chose faite depuis fin septembre. Et les magistrats instructeurs, Aude Buresi et Marc Sommerer, ont manifestement décidé de passer à l’offensive le concernant, dans une accélération judiciaire qui a déjà provoqué, en octobre, la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « association de malfaiteurs », puis, en novembre, celle de Claude Guéant. Ces deux derniers étaient déjà mis en examen pour d’autres délits présumés, dont le principal est la « corruption ».

Brice Hortefeux, qui conteste tout acte répréhensible dans ce dossier, est présumé innocent. Dans un communiqué, l’ancien ministre a dit « sa totale surprise » suite à ces mises en examen et souligné qu’« une mise en examen ne présage en rien d’une culpabilité ». « Aujourd’hui, tout démontre qu’il n’y a eu aucun financement libyen à l’occasion de la campagne présidentielle de 2007 », a-t-il ajouté.

L’ancien ministre de l’intérieur, qui avait souvent été par le passé l’envoyé spécial officieux de Nicolas Sarkozy, notamment en Arabie saoudite, occupe désormais une place à part dans le dossier libyen. Par exemple, l’enquête a établi que Brice Hortefeux, alors ministre délégué en charge des collectivités territoriales auprès de Nicolas Sarkozy, a rencontré secrètement, en décembre 2005, à Tripoli (Libye), un dignitaire du régime Kadhafi au cœur des soupçons de corruption. (...)