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Amnesty International
Armes la France, terre d’accueil
Article mis en ligne le 25 juillet 2020

En toute impunité et en flagrante contradiction avec ses engagements internationaux, la France fournit des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, pays engagés dans le conflit au Yémen. Conflit qualifié de la pire catastrophe humanitaire au monde par l’ONU.

En lien avec notre campagne « Silence on arme », nous avons mené une enquête inédite qui révèle la manière dont la France va un cran plus loin, en permettant à des militaires saoudiens de venir se former sur le sol français. (...)

Bienvenue à Commercy : nos amis les soldats Saoudiens

 Enquête réalisée par Audrey Lebel - journaliste pour La Chronique

En France, on s’apprête à former des militaires saoudiens au maniement de la dernière version d’armes, déjà utilisées dans le conflit au Yémen. Grâce à un centre de formation flambant neuf, implanté en Meuse avec de l’argent du contribuable français, et en violation des traités internationaux. Une enquête d‘Audrey Lebel pour La Chronique.

Commercy, commune de la Meuse de 6 000 habitants. Ses madeleines, son château Stanislas, ses soldats saoudiens. (...)

Bienvenue en région Grand Est, où tout a été mis au point pour recevoir, dans les conditions d’un quatre étoiles, des militaires du royaume wahhabite. Celui-là même qui mène, depuis 2015, une guerre au Yémen contre les forces houthis soutenues par l’Iran. Plus de cinq ans après le début de l’offensive, ce conflit, qualifié par les Nations unies de « la pire catastrophe humanitaire au monde », a fait plus de 230 000 morts.

Ce qui n’a pas empêché notre pays d’accueillir sur son sol, à coup de subventions et d’aides de toutes sortes, une entreprise qui fabrique des armes impliquées dans ce conflit. Armes sur lesquelles des militaires saoudiens doivent venir se former. L’entreprise belge John Cockerill devait, en échange, dit-on, booster l’économie locale. (...)

« Il n’y a pas eu d’appel d’offre pour réinstaller une activité sur le terrain, témoigne Bernard Muller, ancien maire et ancien Président de la communauté des communes de Commercy. Vous savez, au ministère de la Défense, il y a des tractations en permanence avec des entreprises pour les installer ». (...)

Pour les entreprises qui, comme elle, viennent s’installer sur un ancien site militaire, on déroule le tapis rouge. Selon les termes du CDE, Cockerill peut faire quelques économies. Totale exonération fiscale et de cotisations sociales pendant trois ans, suivie d’une exonération partielle de deux ans, prise en charge par l’État. Exonération de cotisation foncière « pour les créations ou extensions d’établissements situés dans des périmètres de zone de restructuration de la défense (ZRD) » , pour cinq ans. Le contrat permettrait également à l’entreprise d’être exonérée de taxe foncière sur cinq ans ainsi que de cotisations patronales d’assurances sociales et d’allocations familiales pendant trois ans. A-t-elle bénéficié de toutes ces multiples exonérations ? Ni le ministère des Armées, ni l’Urssaf, ni Cockerill n’ont voulu nous le confirmer*.

Quoi qu’il en soit, au total, les élus locaux et l’État ont décidé d’accorder plus de 2 millions d’euros d’argent public à l’entreprise belge : un tarif attractif de 700 000 euros sur un prix de vente d’1,525 million d’euros de la part de la communauté de communes de Commercy, 761437 euros de la part de l’établissement public (GIP) Groupement d’intérêt public, Objectif Meuse, 600000 euros de la part du conseil régional de Lorraine, et 1 million d’euros via le CDE (1).