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Assemblée nationale : sanctionner le maillot ou sanctionner la corruption ?
LE BLOG DE QUITTERIE DE VILLEPIN
Article mis en ligne le 10 décembre 2017

Un député portant un maillot de foot est sanctionné financièrement. D’autres, sur lesquels portent de graves soupçons de clientélisme, conflits d’intérêt, achat de voix, et menaces, siègent tranquillement. Choisir de parler corruption plutôt que parler chiffon.

(...)
"Le miracle des maillots pliés". Il a tellement raison d’en parler. Cette école du bénévolat, la seule école du don de soi.
Il a raison de dire combien le foot est vital pour nos jeunes.
Hommage à tous les Bernard, Franck, David, Florence, Mohammed de France qui donnent leur temps pour l’épanouissement de nos gosses, apprendre l’esprit d’équipe, la coopération, le fair play, le dépassement de soi, la persévérance, l’engagement au service du collectif.

Quand certain.e.s s’indignent de sa tenue en maillot dans l’hémicycle, moi, je dis haut et fort : d’une part, bravo, il est costaud en com, d’autre part, si quelque chose me fait honte aujourd’hui, ce n’est pas son maillot de foot que je trouve très à propos, mais les pratiques iniques de corruption et de clientélisme de certains des députés assis sur les bancs qui osent la ramener au sujet de ton maillot.

Ses collègues députés ont demandé une sanction. Elle sera financière. 1378 euros. Je lis un article un peu distraitement, et là, mes yeux s’arrêtent net sur un article de @Marianne qui se conclut ainsi : "...La séquence aura donné une idée à Jean-Christophe Lagarde, patron du groupe UDI : proposer que les députés masculins soient de nouveau obligés de porter la cravate dans l’hémicycle, obligation levée en début de cette mandature, sous la pression… des députés insoumis."...

Les bras m’en tombent. Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI et député de Seine Saint-Denis fanfaronne et donne des leçons de police du style et de bonne conduite. Une semaine après la diffusion d’une investigation de Pièces à conviction sur France 3 qui décrit de manière terrifiante les pratiques politiques scandaleuses qui ont cours à Bobigny. Le monde merveilleux de l’entourage de Jean-Christophe Lagarde. Le boss de la circo.

Je réalise que ça fait une semaine que ce documentaire a été diffusé et qu’on aurait pu espérer un petit #NotInmyname sur ces pratiques à Drancy et Bobigny de la part des adhérent.e.s et parlementaires de l’ UDI​. Je ne comprends pas comment de telles révélations ne provoquent pas une réaction. Une onde de choc. (...)

Est-ce que quelqu’un dans cette baraque (l’assemblée, les conseils nationaux des partis) va finir par réaliser que si personne ne se mobilise contre la corruption à l’intérieur des partis (de tous les partis), l’édifice entier va s’effondrer, alors qu’il vacille déjà ? (...)

Il existe un vrai parallèle pour moi sur le tabou vis à vis des violences sexuelles dans les organisations et le tabou face à des pratiques politiques indignes.

Pourriez-vous enfin entendre que le silence est la pire des violences, pire encore que l’acte immoral, parfois illégal et répréhensible ?
Quel modèle pour les jeunes engagés quand c’est la règle du plus fort, du plus menaçant, du plus dark, du plus "pouvoir de nuisance", du plus grugeur qui gagne toujours ?
Vous vous rendez compte que les partis politiques sont des écoles de la gruge, de la fraude en ne réglant pas les choses de l’intérieur ? (...)

La fin et les moyens, cette discussion n’a jamais lieu dans les partis. Quelle éthique dans les partis politiques ? Les jeunes s’engagent toutes et tous pour servir l’intérêt général dans un parti, ils en sortent très souvent abîmés sur le plan des valeurs et des convictions.
Comme les violences sexuelles, les lignes de abus ne sont pas indiquées, tenues. Ca ne veut pas dire tous pourris ou tous violeurs. Ca veut dire que ça existe, personne n’ose vraiment y faire face. Les méchants gagnent. Toujours. Parce que les gens ont peur.

Le processus de la corruption, c’est exactement comme le viol. Ca commence toujours des années auparavant par une première main aux fesses, une première petite gruge, s’il y a de l’impunité à ce premier acte de prise de pouvoir sur l’autre, de soumettre l’autre, si personne n’est là pour dire non, ça s’amplifie, les lignes rouges, noires sont franchies, la violence se déchaîne.

Jusqu’à ce que la parole se libère.