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Observatoire des inégalités
Assistés : les nouveaux boucs émissaires du débat public
Article mis en ligne le 9 décembre 2016

Les bénéficiaires de minima sociaux sont-ils des assistés ? La dernière vidéo de DataGueule, une « web série » diffusée sur France 4 et Youtube remet les choses à leur place. L’Observatoire des inégalités y a contribué.

Qui coûte cher à notre système social ? Les bénéficiaires de l’aide sociale seraient des profiteurs, voire des tricheurs ? Le montant de la fraude aux prestations sociales représente 350 millions d’euros en 2013 selon la Sécurité sociale. Ce montant est à comparer avec les 20 à 25 milliards, soit près de 60 fois plus, de la fraude des entreprises aux cotisations sociales. Il y a bien deux poids deux mesures dans le débat. RSA, prime d’activité, CMU complémentaire. Bien loin de la fraude généralisée, c’est plutôt le non-recours qui est fréquent : une grande partie des allocataires potentiels ne réclament pas leur dû, par ignorance de leur droit ou par peur d’être stigmatisé. Qui se dore la pilule aux frais de la protection sociale ? L’immense majorité des sans-emploi acceptent le premier boulot qui vient, qu’il soit précaire ou mal payé. Comment, sinon, le taux de précarité atteindrait 50 % chez les jeunes qui travaillent ?

Un grand nombre d’élus, de droite ou de gauche, ont trouvé avec les assistés une cible facile sur laquelle tirer, pour tenter de s’attirer les faveurs des couches populaires en désignant un bouc émissaire à leurs difficultés [1]. Pour Laurent Wauquiez, député LR de Haute Loire, l’assistanat est le « cancer » de notre société. Image qui plaira aux six millions de personnes qui vivent de minima sociaux. Dans le collimateur d’Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie, les sans-emploi qui se la coulent douce : « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord », expliquait-il en 2015.

Notre modèle social est désigné coupable. Coupable de ne pas inciter à la reprise du travail. Et ceux qui en bénéficient responsables de leur situation. Responsables de ne pas avoir les qualifications suffisantes, de devoir travailler dans des secteurs et à des fonctions, dans des conditions pénibles, que la société ne reconnaît pas comme dignes d’un revenu correct ? Cela interroge les valeurs de notre société. Qui mérite quoi, et qui décide de qui mérite quoi ? Cela questionne notre solidarité. Notre modèle social ne repose-t-il pas sur le fait que tous, un jour ou l’autre, pouvons être en difficulté, sans solidarité familiale, et qu’alors nous ne devrions pas être abandonné sur le bord de la route, avec notre seul sentiment d’échec ? Pour cela, quelques centaines d’euros par mois peuvent aider. Aider, non suffire. Non, on ne vit pas aisément avec 500 euros par mois, le montant du RSA et ce que touche 50 % des chômeurs… Moins de la moitié du seuil de pauvreté . Non, on ne vit pas confortablement à enchaîner petits boulots pénibles en intérim et périodes de chômage. Notamment parce qu’on n’a pas de diplômes. (...)