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Reporterre
Au Chili, une nouvelle Constitution pour plus de justice et d’écologie
Article mis en ligne le 12 novembre 2020

Les Chiliens viennent d’approuver par référendum le principe d’une nouvelle Constitution, qui devra être écrite par une Assemblée citoyenne. Une avancée historique pour ce pays, qui a mis un terme à la dictature militaire mais pas encore au néolibéralisme. Le droit à l’eau, la place des peuples indigènes et l’éducation font partie des enjeux cruciaux du processus démocratique qui s’ouvre.

À peine sortis de quatre longs mois hivernaux confinés, les Chiliens ont vécu un tournant historique de leur vie démocratique depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990. Malgré une pandémie du Coronavirus encore vive, le 25 octobre 2020, 50,9 % des électeurs — le plus haut taux de participation depuis dix ans — se sont déplacés aux urnes pour approuver à 78 % l’écriture d’une nouvelle Constitution. Dès le lendemain, tous les secteurs de la société ont mis le pied à l’étrier pour enclencher le processus constitutionnel.

Un an après la révolution sociale qui a bousculé le pays en octobre 2019, le peuple chilien a donc approuvé le principe de l’écriture d’une nouvelle Constitution par une Assemblée constituante. (...)

« Les résultats du vote sont clairs : nous voulons un changement structurel et nous voulons qu’il se définisse sans les parlementaires et sans l’élite politique de ces 30 dernières années », confie à Reporterre Sara Larrain, directrice de l’ONG Chile sustentable. (...)

« Le cœur du projet de la dictature de Pinochet, c’est la Constitution de 1980. Les réformes constitutionnelles qui ont eu lieu, en 1989 et 2005, n’ont pas réussi à la transformer. Certains aspects ont été modifiés pour la rendre compatible avec des institutions démocratiques et non plus dictatoriales, comme la durée du mandat du président, le rôle du Sénat ou du ministère public mais ces réformes n’ont jamais intégré les demandes populaires, à savoir des droits fondamentaux comme le droit à la santé, à l’éducation, au travail ou à l’environnement. », explique à Reporterre, Jaime Bassa, avocat et professeur de droit constitutionnel à l’Université de Valparaiso. (...)

En avril 2021, les représentants de l’Assemblée constituante seront élus. Ils auront douze mois pour écrire la nouvelle Constitution, période à l’issue de laquelle un nouveau référendum sera organisé. Le calendrier est clair mais les règles d’élection et de fonctionnement de l’Assemblée rédactrice restent, elles, à définir. Manuela Royo, avocate des communautés Mapuche, peuple indigène du sud du pays, confirme qu’« il y a beaucoup de flous qui constituent des obstacles à la participation des citoyens. Pour les peuples originaires, par exemple, nous avions obtenu en août qu’ils soient parties prenantes mais on ne sait pas encore comment et les élections sont dans quatre mois ! Mais cela ne nous surprend pas : le Chili est le seul pays avec l’Uruguay qui ne reconnaît pas constitutionnellement ses peuples originaires. » Le 29 octobre, le Parlement a proposé que 26 sièges soient réservés dans la Constituante aux peuples originaires. Le débat doit se poursuivre et les Mapuche, Rapa Nui, Aymara et autres peuples doivent attendre pour savoir comment ils participeront. (...)