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France24
Au Mali, une nouvelle guerre d’influence entre la France et la Russie
Article mis en ligne le 19 septembre 2021

Les discussions sur le déploiement de paramilitaires russes au Mali ravivent de vieux souvenirs pour Bamako qui, fut un temps, collaborait étroitement avec Moscou. Une situation perçue d’un mauvais œil par la France.

Une présence "absolument inconciliable" avec celle des troupes françaises. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a vertement réagi, mercredi 15 septembre, à la possibilité d’un accord entre le Mali et le sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner pour le déploiement de mercenaires dans le pays.

Selon l’agence Reuters, un contrat serait sur le point d’être signé entre la milice proche de Vladimir Poutine et la junte malienne pour le déploiement de plusieurs centaines de personnels russes, chargés de former les soldats maliens et d’assurer la protection de certains hauts dirigeants.

Ce possible rapprochement entre la Russie et le Mali n’est pas sans rappeler l’étroite collaboration sécuritaire et économique nouée entre les deux pays du temps de l’URSS. Un sujet délicat pour Paris et Moscou qui ravive des tensions historiques.

L’URSS, "un vieux rêve malien"

Le 23 octobre 2019, plus de quarante chefs d’État africains sont réunis à Sotchi lors du sommet Russie-Afrique. Un événement historique par lequel Vladimir Poutine compte officialiser le réengagement de la Russie sur le continent africain. Présent sur place, le président malien, désormais déchu, Ibrahim Boubacar Keita se lance dans une offensive de charme : "Nous avons besoin que votre amitié se manifeste dans un domaine dont chacun sait que vous êtes champion, la lutte contre le terrorisme. Vous l’avez dit vous-même que vous êtes qualifié dans ce domaine monsieur le président Poutine. Cette qualification, nous en avons besoin aujourd’hui."

Embourbé depuis 2012 dans une lutte sans fin contre les jihadistes, le pays connaît depuis plusieurs années une dégradation de sa situation sécuritaire malgré l’opération antiterroriste internationale Barkhane, dirigée par la France au Sahel. Épisodiquement, des manifestations éclatent pour demander le départ des troupes françaises. Des manifestations où fleurissent parfois des drapeaux russes. (...)

Tensions avec la France

Si la France observait avec une certaine méfiance le réengagement russe au Mali, le gouvernement s’était jusqu’ici abstenu de critiques trop appuyées considérant la lutte contre le terrorisme comme la priorité ultime. Mais pour Jean-Yves Le Drian, les discussions sur le déploiement des paramilitaires russes constituent aujourd’hui une ligne rouge : "Wagner, c’est une milice (...). (Ils) se sont illustrés dans le passé en Syrie, en Centrafrique, avec des exactions, des prédations, des violations de tous genres qui ne correspondent pas à une solution quelconque", a déclaré le chef de la diplomatie française, laissant planer la menace d’un retrait total du soutien militaire français au Mali.

"Cette réaction renvoie, à mon sens, une image de puissance qui est plus intéressée par le contrôle de son pré carré que par la lutte contre le terrorisme", estime Niagalé Bagayoko (...)

Jouant sur les mots, la Russie nie toute implication dans des pourparlers : "Il n’y a aucun représentant des forces armées russes là-bas (...) et aucune négociation officielle n’est en cours", déclarait, le 16 septembre, à la presse, Dmitri Peskov, le porte-parole du président Poutine. La France a, depuis, lancé une offensive diplomatique auprès du pouvoir malien et a quelque peu adoucit sa position. "Notre priorité est de pouvoir poursuivre la lutte contre le terrorisme et nous espérons que les conditions dans lesquelles nous l’avons lancée ne serons pas modifiées à l’avenir", a déclaré la ministre de la Défense, Florence Parly.